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« Le Fils de l’homme, quand il viendra trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

ART-2019-MME-LOGO.jpgNous voici ce matin avec cette finale de l’Evangile entendu il y a un instant, qui consiste en une question somme toute assez dramatique. La question est vive, elle est brûlante. Elle est dramatique dans sa formulation, alors qu’elle est posée par le Christ à ses disciples avant même sa montée à Jérusalem et son mystère pascal. Et déjà on peut dire que ce retour glorieux du Christ ne suscitera pas immédiatement la foi des disciples et des Apôtres. Fuite à la Passion, incrédulité à la résurrection.

Cette question nous arrive aujourd’hui, à un moment précis de la foi ici, alors que les différents indicateurs de la sociologie religieuse sont au rouge : baisse du nombre d’enfants catéchisés, baisse des baptêmes, des mariages religieux, des obsèques, baisse de la pratique. Au final, ce n’est pas la baisse du nombre des prêtres qui est le plus inquiétant, c’est celle du nombre de fidèle. Et l’on ne pourra pas se consoler à peu de frais en se disant que la qualité remplace la quantité.

Nous entendons cette question au cœur du mois missionnaire extraordinaire dans lequel nous sommes engagés à la suite de l’appel du pape François. Du coup, elle peut porter notre intention missionnaire comme elle l’a fait à tous les temps. Nous avons bien tendu qu’elle nous concernait tous. Qu’elle n’était pas une affaire de quelques spécialistes envoyés au loin. Et nous savons aussi qu’évangéliser n’est pas avoir une pastorale qui viderait d’autres paroisses ou qui privilégierait certaines baptisés au détriment d’autres.

Et nous ne pouvons pas non plus écarter cette intention missionnaire en raison des ambiguïtés de certains moments, où le bon grain a été mélangé à de l’ivraie dans des initiatives missionnaires. Il s’agit bien de porter l’annonce explicite de l’amour de Dieu en Jésus Christ. L’annonce a pu être maladroite. Elle a pu être tiède et timide. Elle a pu paraître coercitive. Elle a pu sembler s’habiller d’intention plus temporelle que spirituelle. Laissons cela à l’appréciation de l’histoire et surtout au jugement de Dieu.

Pour nous, ici dans ce quartier et dans notre paroisse, nous recevons cette question du Christ. Et je la rapproche du début de l’Evangile de ce jour où le Christ conseille à ses disciples de prier sans se décourager, sans perdre cœur. Prier dans toutes les formes de la prière, comme celle de la demande pour cette veuve tenace et persévérante qui obtiendra à la fin une justice de la part d’un juge pourtant sans justice.

Le Christ trouvera-t-il des priants ? Trouvera-t-il des enfants de Dieu confiants et disponibles à la volonté du Père ? Trouvera-t-il des collaborateurs généreux à l’annonce et à la construction du Royaume ?

Trouvera-t-il des cœurs tenaces et persévérants ? La question peut paraître incongrue, mais il me semble que là est la pointe de la parabole de ce jour. Nous savons tous être tenaces, persévérants, voire audacieux dans les projets qui nous sont chers. Quand nous aimons, quand nous voulons quelque chose, quand nous sommes indignés par une injustice, nous savons déployer notre énergie. Nous savons aller jusqu’au bout, jusqu’au terme de notre projet. Que ce soit un projet personnel pour notre bien ou notre survie, que ce soit un projet pour les autres, nous savons être persévérants.

J’ai souvenir d’une homélie de quelqu’un qui faisait l’éloge de la dernière pierre d’une construction. On bénit la première alors que la dernière est posée sans cérémonie. Or, c’est bien cette dernière pierre qui donne sens à toute la construction. C’est cette dernière pierre qui manifeste le courage, la ténacité de ceux qui ont mené à bien ce projet. Dieu nous attend autant dans le début de nos entreprises, quand dans le chemin lent et discret de chaque pas jusqu’à ce magnifique achèvement où la dernière pierre est posée. Nous l’expérimentons dans nos projets humains.

A son retour, le Christ trouvera-t-il des cœurs audacieux et persévérants ? Trouvera-t-il des lèvres joyeuses, promptes à l’annoncer explicitement ? Trouvera-t-il des cœurs emplis du désir que la rencontre avec lui soit contagieuse ? Trouvera-t-il des intelligences convaincues qu’Il est le chemin, la vérité et la vie ?

Cette question du Christ vient nous tarauder. Et il est bon qu’il en soit ainsi. Comme conclut notre archevêque dans sa lettre pastorale : « Lorsque nous évangélisons, nous sommes nous-mêmes évangélisés. Laissons nous évangéliser pour être des évangélisateurs crédibles. Nous aurons l’enthousiasme et la tranquille assurance des apôtres ».

Bonne suite du mois missionnaire !

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