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« Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin »

lazareethommeriche.jpg?w=600En ce dimanche de rentrée paroissiale, nous voici avec cet Evangile et cette parabole. Voici un texte qui peut nous paraître un peu difficile au premier abord ; je dis difficile, voire un peu rude à entendre. De quoi nous parle-t-on ?

Un riche et un pauvre. L’un menant une vie de luxe. L’autre condamné à mendier. L’un vêtu de pourpre et de lin fin, faisant des festins somptueux L’un, réduit à la misère devant le portail du riche, résolument indifférent à la misère de ce pauvre. Un gouffre déjà les sépare. Voilà leur vie sur terre.

Et voici qu’après la mort, leur situation se retourne. Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers. Ne soyons pas trop déroutés par la description de l’au-delà utilisée par le Christ. C’est celle des Juifs pharisiens contemporains de Jésus. Pour eux la récompense des justes est d’habiter le sein d’Abraham. Pour les autres, le shéol, les enfers.

Le texte peut nous paraître violent et injuste. Le retournement de destin peut nous troubler, notamment dans ce qu’il a de définitif pour le riche condamné aux souffrances du shéol. Nos sensibilités délicates se disent que la miséricorde de Dieu aurait pu le rejoindre, que la bonté de Dieu aurait pu manifester un pardon inconditionnel. Peut-être ce serait faire fi de la responsabilité de nos actes sur terre, de notre liberté jusqu’au bout de changer de vie en vue de vivre un tant soi peu de l’amour, l’amour de Dieu et l’amour de l’autre, de cet autre devant la porte.

Autrement dit, si vous pensiez que ce texte nous décrirait comment le ciel est ouvert pour certains et fermé pour d’autres, je pense que c’est une fausse piste. La parabole du Christ ne nous parle pas de la fermeture du ciel, mais plutôt de la fermeture des cœurs. Et d’ailleurs la finale est explicite à ce sujet. Quand enfin le riche s’intéresse aux autres, il pense à ses frères et à leur changement d’attitude qui leur éviterait la souffrance. Qu’ils se convertissent !

Le Christ prévient une fois de plus ses auditeurs sur l’enjeu profond de son ministère de prédication du Royaume. Le message est d’autant plus direct qu’il vise ceux qui précisément sont habillés de pourpre et de lin fin. Dans le livre des Proverbes, c’est une parure féminine. Mais dans le contexte du NT, c’est le vêtement des prêtres et spécialement du Grand Prêtre.

A l’adresse de ses contemporains, et pas des moindres, le Christ répète et répète encore qu’il s’agit de le recevoir et de se convertir. Il s’agit d’ouvrir son cœur à cette parole vive et efficace qui vient donner vie et salut. Encore faut-il pour cela ouvrir son cœur en vue du bien, en vue de l’amour de Dieu et de son prochain.

Le dialogue final entre le riche et Abraham témoigne de l’enjeu de cette ouverture du cœur, et des moyens qui sont donnés en vue de ce changement, de cette conversion à venir. « Envoie Lazare les avertir » dit-il dans sa candeur. De fait le pauvre Lazare pourrait être cette aide de Dieu (ce qui est la signification de son nom) pour qu’il se convertir. « Quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus ». Le Christ anticipe peut-être le fait que sa propre résurrection ne sera pas reçue, pas plus par la majorité des Juifs que par la majorité des Romains. Or, si nous sommes ici ce matin, c’est bien parce quelques témoins de la Passion et de Résurrection du Christ nous ont porté cette nouvelle. Nous n’en sommes pas les témoins directs, nous en sommes les croyants fidèles.

« Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ». Pour ouvrir les cœurs, pour assurer cette conversion, nous rencontrons la Parole de Dieu. Rien d’extraordinaire : pas de miracle, pas de guérison surnaturelle, pas d’exploit, uniquement cette parole de Dieu qui ouvre nos cœurs, et les altère au fur et à mesure que nous la recevons pour ce qu’elle est : une Parole de Dieu et non des hommes.

Au moment de cette rentrée paroissiale et au moment même où nous nous préparons à ce mois missionnaire voulu par le pape François et relayé par notre diocèse, nous sommes comme renvoyé à notre accueil confiant de la Parole de Dieu. Cette Parole nous transmet une vie et une lumière, celle que le Christ vient projeter sur nos vies telles qu’elles sont. Cette Parole est vivifiante. Elle nous donne de l’espérance. Elle alimente notre amour, notre service des autres. Elle nous apporte une joie que nul ne peut nous ravir.

Si cette Parole produit tout cela en nous, nous ne pouvons pas la garder pour nous. Elle est contagieuse. Elle demande à se transmettre. Pas seulement au loin ce qui s’est fait pendant des siècles et continue à se faire. Elle veut se communiquer par nos pauvres paroles, par nos pauvres gestes ici et maintenant. C’est bien en ce sens que, le cœur ouvert et dilaté par cette Parole, nous serons des disciples-missionnaires comme nous y invite le pape François.

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