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La dernière place

ob_5b6f64_800px-le-repas-de-noce-pieter-brueghel.jpgL’Evangile que nous venons d’entendre nous donne une scène apparemment ordinaire du ministère public de Jésus. Un jour de sabbat, il est invité chez un notable. Situation classique, celle où on invite M. le curé à la table familiale pour un repas du dimanche, pour un repas de fête.  Sauf que… Sauf que, la situation paraît ne pas être si paisible que cela. On l’observait dit Saint Luc. On l’observait attentivement, peut-être avec méfiance, avec malveillance. Est-il si pieux ou si sage qu’on le dit ? Mange-t-il en respectant les coutumes juives ? Mange-t-il ou boit-il comme un glouton ou un ivrogne ? A l’inverse n’est-il pas trop ascète ?

On ne saura rien de cette observation dont Jésus fait l’objet dans la maison de ce juif pieux et dévot, à la table de ce chef des pharisiens. Mais on peut penser que le climat est aussi peu paisible que celui des nombreuses controverses avec ces contemporains à qui Jésus s’adresse en priorité et qui finalement n’accueille pas, et décidément pas l’annonce du Royaume de Dieu. Lui qui est un invité ne cesse de manifester une invitation radicale de Dieu : celle d’entrer dans la parole du Fils, celle d’être hospitalier à son Evangile, celle de participer au festin du Royaume de Dieu.

Jésus, l’invité de cette table de fête, observe ceux qui l’invite et donne un enseignement qui nous parle de l’invitation de Dieu à entrer dans la joie de son Royaume. Ces paraboles nous parlent de la réalité de cette invitation et des dispositions que cela peut susciter en nous.

La première est l’humilité. Puisque nous ne sommes que des invités, rien ne nous est dû. Tout est cadeau. Pas question de jouer des coudes pour être en tête de gondole, ou pour jouer les pique-assiettes au buffet. Pas besoin d’écraser les autres pour se mettre en avant ou se faire bien voir. Nous sommes des invités de part l’amour bienveillant de celui qui nous invite.

Il ne s’agit pas de jouer au faux humble qui reste au fond, en se morfondant et en espérant secrètement être appelé plus, plus près du soleil, pour se pavaner aux yeux des autres une fois cette revanche prise. Non, pas du tout, il s’agit de cultiver cet amour qui s’abaisse, c’est la définition de l’humilité pour St François de Sales. Une vraie disposition positive du cœur, qui ne s’attache pas à l’image de soi, ni ne fait regarder ni trop haut, ni trop bas non plus. Une disposition du cœur qui nous fait désirer être à notre place, ni plus, ni moins. Mais qui du coup, suppose un certain décentrement de soi, une certaine perte d’autoréférentialité comme dit le pape François. Bref, la conscience d’être des invités.

La seconde est la gratuité de celui qui invite. Et déjà cela nous enseigne beaucoup sur la manière dont nous pouvons fonctionner en vase clos, en tribu, loin de toute invitation gratuite, d’une invitation qui n’attend rien en retour.

Jésus ne condamne pas nos fêtes humaines, nos repas de famille, nos cousinades ou nos tables de vacances. Il alerte d’abord ces Juifs pharisiens sur une forme de fermeture du cœur qui les empêche d’inviter à la table de la promesse ceux qui sont plus loin : les pauvres, les malades, les pécheurs, les cabossés. Jésus le premier est venu pour les malades et les pécheurs, et non pour les justes et les bien-portants. Dieu le premier est venu inviter à la table de son Royaume tous les hommes.

C’est cette gratuité d’un Dieu qui nous invite qui peut alors nourrir notre humilité en ce dimanche. La gratuité de son amour, la gratuité de sa miséricorde. La gratuité du salut qu’il opère pour nous. Cette gratuité doit percer nos cœurs tièdes.

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