Vous savez tous ce qu’est une association loi 1901. C’est un groupe de personnes qui se réunit pour un but, un objectif commun. La défense d’une cause, la pratique d’un sport. On dépose des statuts en préfecture et l’assemblée générale élit son bureau. Dans une association loi 1901, c’est l’assemblée générale qui est le centre de gravité, dont tout découle, même les pouvoirs de gouvernement et de représentation du président.
A y regarder de façon extérieure, l’Eglise pourrait ressembler à une association 1901. Après tout L’Eglise est d’abord le Peuple de Dieu rassemblé chaque dimanche pour un projet commun : la célébration de l’Eucharistie. Mais ce serait un regard sociologique, humain, trop humain. L’Eglise n’est pas une association 1901, et ce que nous célébrons aujourd’hui nous le rappelle. Elle est le Corps du Christ unie à sa tête qui est le Christ. Le Christ est ce bon Pasteur dont l’Evangile nous parle. Un bon pasteur qui connaît ses brebis, qui leur donne la vie.
L’image du pasteur nous est peut-être un peu étrange à nous qui sommes des urbains et à nous qui sommes du XXIème siècle, et voulons nous conduire par nous-mêmes. Et de fait la parole de Dieu nous présente d’autre visages du Christ : la lumière du monde, l’eau vive, la porte, le chemin, la vie, le Fils qui fait de nous des fils, l’Agneau qui offre sa vie… Mais ce dimanche, nous avons cette figure du bon berger.
Un psaume aurait pu nous aider : le psaume 22. Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien, sur des prés d’herbes fraîches, il me fait reposer, il me mène vers les eaux tranquilles, il me fait revivre… Ce psaume dit la sollicitude du berger pour son troupeau. Il s’occupe de lui, il en prend soin. De frais pâturages, les eaux rafraîchissantes,… Et même il évite à son troupeau les dangers des ravins de la mort… Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure. C’est dire à quel point le Seigneur, le bon berger, déploie sa sollicitude pour ceux qui lui sont confiés, jusqu’à aller chercher la brebis égarée pour la ramener dans le troupeau.
Cette sollicitude ne connaît pas de limites, ni d’espace, ni de temps. Et il est bon pour nous de la contempler ce dimanche du bon Pasteur, ce dimanche où nous prions pour les vocations en particulier pour les vocations sacerdotales. Dans l’Eglise, se trouve au milieu de nous des hommes qui sont comme le sacrement de cette sollicitude pastorale du Christ pour son Eglise. Ils ne sont pas le bon Dieu, ils ne sont pas des sur-hommes. Ils sont imparfaits, limités. Ils sont pécheurs. Hélas l’actualité récente nous l’a rappelé de façon violente et dramatiques, au point que certains se sont sentis trahis par les crimes commis par des pasteurs, sacrements de la sollicitude du Christ pour son Eglise. Que scandale :
Dans une homélie adressée à des évêques, le pape François rappelait que le berger marche tantôt en tête de son troupeau pour le mener et le guider, tantôt au milieu par vivre une vraie solidarité, une saine familiarité avec son troupeau, tantôt à l’arrière de son troupeau en le laissant à son propre mouvement. Et le pape ajoute qu’il en est de même pour les pasteurs selon le cœur de Dieu : ils sont placés tantôt en avant, tantôt au milieu, tantôt en arrière.
Dans notre prière de ce dimanche, nous demandons au Seigneur des pasteurs selon son cœur. D’abord parce que nous encore toujours et toujours besoin de cette sollicitude de Dieu pour, cette sollicitude du Christ Pasteur et Tête de l’Eglise. Peu importe que nos pasteurs marchent devant au milieu ou à l’arrière de nous. Ils nous sont vitaux, pour nous donner la vie de Dieu dans les sacrements, pour nous enseigner, pour nous conduire.
Notre prière de ce dimanche se fait donc supplication, intercession, imploration. Elle doit également se faire action de grâce pour la présence au milieu de nous de ces pasteurs que Dieu nous donne. Cette action de grâce peut se nourrir d’un exercice de la mémoire : souvenons avec gratitude de tous ces prêtres rencontrés au long de notre vie, qui nous ont accompagnés, nourris, enseignés, conduits sur les chemins de Dieu et de son Eglise. Cette action rejaillira sur la manière dont nous parlons des prêtres, surtout en famille. Cette action de grâce rejaillira aussi sur notre manière de nous situer avec eux, et cela commence dès la sortie de la messe. En quoi aujourd’hui ai-je été nourri, enseigné, conduit ? En quoi aujourd’hui, le Christ a-t-il encore exercé sa sollicitude à mon égard par le ministère de ces prêtres qui ne sont pas le bon Dieu, mais que le Christ me donne ?