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Le Père prodigue

4d7ad25ac8d4ffbf2afa7621362374c4.jpgNous voici avec ce trésor de l’Evangile selon saint Luc, une des paraboles les plus connues, une perle de l’enseignement du Christ. Ce père avec ces deux fils et la manifestation de la miséricorde de ce père, figure de celle de Dieu.

Permettez un préalable important : c’est une parabole, un conte sous forme de récit, mais une parabole pour laquelle le Christ une intention assez précise et bien située dans le cursus de ce chapitre 15. Nous sommes dans le temps des controverses avec les contemporains du Christ, et en particulier une fois de plus, une controverse avec les Pharisiens et les scribes. Le reproches fait par ceux-ci est trop clair : il fait bon accueil aux publicains et aux pécheurs. Pire, il mange avec eux. Il mange avec ces fils cadets qui se sont souillés dans le péché. Et du coup la parabole se retourne contre eux : eux les fils aînés qui refuse d’entrer dans cette joie d’accueillir tous les fils dans la maison du Père.

Et voilà sous doute la pointe qui peut nous arrêter ce matin. Nous connaissons suffisamment cette parabole pour la reprendre par cœur, même si nous ajouterions peut-être l’un ou l’autre élément que nous projetons sur le texte. Et nous sommes peut-être plus sensibles à la figure de ce fils cadet, de ce pécheur parti puis revenu avec joie dans la maison du Père. Ou bien la figure du fils aîné, toujours là, toujours fidèle, toujours présent, mais auquel le Père ne semble pas avoir fait attention.

En ce 4ème dimanche de Carême, restons si vous le voulez bien avec le père de la parabole, figure et icône de Dieu. Restons avec celui qui est au contre de cette parabole, aux prises, si je puis dire, avec ces 2 fils, un bosseur et un noceur. La disposition principale de ce père semble être joie. Cette joie domaine tout le chapitre 15 avec les 3 paraboles de la miséricorde : joie de celui qui a retrouvé sa brebis perdue, joie de la femme qui a retrouvé sa pièce de monnaie perdue, joie du père qui a retrouvé son fils perdu.

« Il fallait se réjouir ». Et c’est parti pour les images humaines de la joie : le festin avec le veau gras (celui gardé pendant toute une année pour une grande occasion), les musiques, la danse, et peut-être les voisins, les amis qu’on a invité parce que la joie est débordante, il faut qu’elle s’épanche.

Mais cette joie n’est que la traduction extérieure d’une autre disposition : celle de la miséricorde dont parle le moment des retrouvailles. Relisons : « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers ».  

La miséricorde du Père est d’abord une attente. C’est celle du veilleur qui guette dans la nuit ou au loin dans le jour.  C’est l’attente patiente et douloureuse de celui qui ne force aucune liberté.

La miséricorde du Père est aussi empressement. Empressement de l’amour qui presse et qui court. Empressement d’un amour qui franchit tout le chemin qui reste à parcourir, pourvu d’un mouvement de retour vers le Père se dessine. Dieu n’est pas au bout de nos efforts, mais il vient parcourir tout l’espace qui nous sépare de lui, pour autant que notre désir se tourne vers lui.

La miséricorde du Père se fait étreinte, sans paroles, sans préalables, sans condition. Avez-vous remarqué que les paroles du fils et du père ne viennent qu’après ?

Ce dimanche, à mi-chemin de notre Carême, nous invite à nous décentrer pour entrer dans le Carême de Dieu. Nous sommes entrés en Carême avec les 40 jours du Christ au désert. Continuons donc avec ce Carême de Dieu. Décentrons nous de ce regard tournés sur nous, sur nos efforts, sur notre chemin, peut-être mettre sur notre manière de compter. Entrons dans ce Carême tel que Dieu le voit et le regarde. Carême où il attend. Carême où il est pressé de notre réponse de foi et d’amour. Carême où sans préalable et sans condition il nous étreindra dans le mystère de la Passion et de la Résurrection de son Fils.

Ce dimanche encore, nous entendons nos chants et nos musiques. Ce sont celles de la fête et de la communion dans la maison du Père. Peu importe que nous sommes plus près ou moins loin. La charité divine saura franchir tout l’espace qui nous sépare encore de lui. Appliquons nous à ce Carême, c’est encore le temps. Appliquons-nous à le regarder comme Dieu le regarde : temps de combat certes, temps de préparation aussi, mais surtout temps de grâce où Dieu nous donne déjà ce dont nous vivrons.

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