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Le sommeil du Thabor

73-sommet-du-mont-thabor-b.jpgVous avez sans doute déjà fait des randonnées en montagne, en moyenne ou haute montagne. Et du coup, vous avez goûté les joies des départs matinaux, de la lente montée, des fatigues et des envies d’abandonner pour finalement goûter la joie de l’arrivée au sommet. Là haut on y goûte la joie de l’effort accompli et la joie de scruter les horizons lointains et de regarder les paysages à nos pieds. On est arrivé, il n’y a plus rien d’autre, et surtout plus rien au dessus.

Pour les Apôtres, Pierre, Jacques et Jean, la joie de l’ascension du Thabor a du être modeste, à peine 45mn de montée. La joie de goûter les paysages de la plaine d’Izréel a du également être retenue, alors qu’on tutoie le plateau de Nazareth qui n’est qu’à 10 km à vol d’oiseau. C’est que pour eux, à la différence de nos expériences de montagnes, le sommet du Thabor dévoile un but encore plus beau : celui de la gloire du Christ à contempler. Devant eux et pour eux, le Christ laisse entrevoir quelque chose de sa gloire lumineuse et éblouissante, cette gloire qui rayonnera au matin de Pâques.

Huit jours auparavant, dans un dialogue où il les interroge sur son identité, le Christ leur avait annoncé le chemin par lequel il devait passer. Le Fils du Dieu vivant, le Messie de Dieu s’était révélé à eux, non pas comme le Messie triomphant que les disciples auraient imaginé ou souhaité. Il s’était révélé à eux comme un Messie souffrant, celui qui devait souffrir de la part des scribes et des grands prêtres, qui devait être arrêté et mis à mort, avant de ressusciter.

Voilà une annonce dramatique, qui semble démentir tout le succès du ministère public de Jésus, succès auquel les Apôtres sont eux-mêmes associés. Je dis annonce dramatique, mais je devrais dire annonce inaudible, incompréhensible. Est-ce vraiment ce Messie qu’ils ont choisi de suivre ? Est-ce vraiment ce Messie auquel leur vie est désormais associée ? Est-ce vraiment ce sort qu’il s’agit de partager ? La question ne peut pas ne pas nous rejoindre en ce temps de Carême, et c’est peut-être pour cela que cet Evangile de la transfiguration nous est proposé ce 2ème dimanche.

Incompréhension et stupeur de la part des Apôtres. Indignation chez St Pierre : Cela ne t’arrive pas… Et nous voici 8 jours plus tard, au sommet du Thabor.

De cette scène du Thabor, nous pourrions parlé de la lumière étincelante qui rayonne du Christ, de son visage et de son vêtement. Il semble que les mots soient trop faibles et imprécis pour parler de la réalité e m’évènement. Nous pourrions parler de cette nuée qui les enveloppe, tout comme celle qui conduisait les Hébreux au désert pendant les 40 années d’errance. Nous pourrions parler de cette frayeur, de cet effroi sacré qui sais les Apôtres devant la grandeur de cette apparition de Moïse et d’Elie, ceux qui ont vu Dieu face à face, allumant dans le cœur de tout Juif, de tout croyant le désir de la rencontre.

Je ne parlerai que du sommeil qui les accable, comme il a accablé Abraham dans le récit de la 1ère lecture au moment où Dieu renouvelle son Alliance. Mystérieux sommeil physiologique qui semble arriver à un moment bien mal choisi, celui de la rencontre. Mystérieux sommeil où Dieu plonge seul qu’il veut enseigner. C’est comme si l’homme avait besoin de mettre en veille son intelligence trop discursive, son esprit trop discuteur, son désir de comprendre et d’enferme. La révélation que Dieu veut faire à l’homme est une révélation qui veut parler au cœur, à l’être profond.

La révélation de la gloire de la Résurrection se fait pour ces 3 Apôtres (et pourquoi pas aux 12 ?) d’une façon qui semble contourner leur intelligence. Ce n’est pas une idée à débattre, encore moins un concept à développer. C’est la révélation d’une réalité, d’un évènement à venir.

Heureux sommeil du Thabor qui fait entrer, au delà de la souffrance et de la mort du Messie, dans l’annonce en clair-obscur de cette résurrection à venir.  Sur le Thabor, il y a plus à voir que la platitude de la plaine qui l’entoure. Il y a plus à voir que le ciel du printemps de la Galilée. Sur le Thabor il y a cette lumière glorieuse de Pâques qui pointe déjà et qui vient toucher nos cœurs, alors que nos esprits lents et froids ont du mal à se frayer un chemin.

Nous ne monterons peut-être pas au Thabor aujourd’hui. Mais nous prendrons à nouveau la route du Carême vers Pâques. Que la réalité de la Passion ne nous arrête pas. La gloire est au terme de ce chemin. Celle du Christ et la nôtre.

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