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C’était à Cana en Galilée

12141_xl.jpg« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana en Galilée ».

Si vous le voulez bien, je ne vais pas vous emmener tout de suite à Cana en Galilée, mais d’abord à Paris, au musée du Louvre. Au 1er étage, se trouve une immense toile de 7m sur 10, œuvre d’un peintre vénitien du XVIème siècle, Paul Véronèse. Pour un réfectoire bénédictin, il représente les Noces de Cana. Et le thème s’enflamme : les invités sur plusieurs niveaux, des mets des vins, des musiciens, des animaux, le Christ, Marie. Et presque un peu caché au milieu de cette foule, les jeunes mariés dont on a l’impression qu’ils s’excusent d’être là. Et c’est un peu comme dans le texte de l’Evangile. On a l’impression que les époux sont absents de la fête dont ils sont pourtant les héros du jour, les personnages centraux. Où est l’époux ? Voilà une question qui va nous occuper.

Mais revenons au texte. Les noces où Marie et invitée, et avec elle Jésus et ses disciples. Tout était prêt, sauf qu’à un moment, c’est le drame domestique : il n’y a plus de vin. Ont-ils été imprévoyants ? Les invités étaient plus nombreux ? Ont-ils été plus intempérants ? On n’en sait pas plus. Toujours est-il que la fête tourne court. Le vin de nos fêtes humaines, de nos joies humaines. Ce vin qui nous met en communion, et qui peut aussi diviser, ce vin là vient à manquer. Et l’évangéliste le dit.

Marie a vu ce drame et vient intercéder auprès de son fils. Puisque tu es le Fils du Dieu vivant, vois cette souffrance, cet échec, ce drame humain et agis pour eux. On pourrait parler de la réserve du fils qui craint peut-être qu’un miracle n’ouvre la voix à une mauvaise interprétation de son identité : il craint de n’être reçu que comme un faiseur de miracle, un guérisseur de plus, un thaumaturge, un dieu distributeur de solutions divines aux problèmes humaines. Et son heure n’est pas encore arrivée.

Et pourtant Marie ne dit pas « ils n’ont plus de vin », mais elle précise : « ils n’ont pas de vin ». Vous allez pensez que je coupe les cheveux en quatre. Mais cela fait une différence. Ils n’ont pas de vin. Ils n’ont pas et n’ont jamais eu le vin de la fête divine, le vin de la joie divine. Ils n’ont pas le vin des Noces divines que toi seul peux leur donner, parce que tu es le Fils de Dieu. Ils n’ont pas le vin de la grâce que seule ton heure, seul ton sacrifice leur donnera.  Ils sont en attente de ce vin du salut dont aucune fête humaine ne les comblera, ni ne les distraira. Toi seul, ô Jésus, peut combler cette humanité en attente et en rude souffrance de ce manque.

Alors nous comprenons que ce premier miracle, ce premier signe à Cana soit le début d’un ministère public de Jésus, où il vient combler les attentes humaines pour leur montrer qu’une autre attente est rassasiée en lui. C’est pour cela que c’est un signe. Vous connaissez peut être le proverbe chinois qui dit « le sage montre la lune, le sot regarde le doigt ». Il ne s’agit pas de s’arrêter au signe, ce vin si merveilleusement multiplié. Il faut regarder ce qui est signifié : la grâce qui déborde, le don généreux de Dieu apporte joie et communion et surtout le seul Epoux des Noces qui vient vivre ces épousailles avec toute l’humanité.

Les miracles se succéderont u long des 3 années du ministère de Jésus en Galilée puis en Judée : guérisons de malade résurrection ou ranimation de morts, exorcistes, multiplication des pains (là encore ample et débordante). Mais tous ces signes pointent leur doigt vers le salut, la grâce débordante de Dieu qui restaure notre amitié avec Lui et qui nous divinise. Les voici les Noces de l’Agneau vers lesquelles nous marchons. Et nous en aurons à nouveau comme une confirmation par le signe de l’eau et du sang qui couleront du côté transpercé du Christ en Croix.

Ces Noces sont anticipées chaque dimanche et chaque fois que l’Eucharistie est célébrée. Un peu de pain et un peu de vin sont apportées pour ce miracle sans cesse renouvelé : ils deviennent ce Corps et ce Sang du Christ, le Corps et le Sang de l’Epoux qui donne sa vie pour son Epouse que nous sommes.

A chaque Eucharistie, il opère ce changement vivifiant. En nous approchant de ce signe eucharistique, nous comprenons qu’il peut opérer ce changement vivifiant dans nos vies. Nos journées sont l’eau qu’il transforme en vin de sa présence. Nos gestes humbles et simples sont transfigurées en gestes de son amour. Nos solidarités, nos attentes, nos délicatesses humaines deviennent des icônes de sa tendresse et de sa sollicitude. Bref nos vies deviennent des icônes de sa présence, pour peu que nous remplissions les jarres, que nous collaborions et que nous fassions tout ce qu’il nous dira.

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