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Aujourd’hui vous est né un Sauveur

539-vie-du-christ-3.jpgNous venons d’entendre ce chant des anges adressé aux bergers de Bethléem. Et à la messe de l’aurore, nous pourrions entendre la suite de l’Evangile, la réponse des bergers « Allons à Bethléem pour voir ce qui est arrivé »

Pour beaucoup, en cette nuit sainte, le chant des anges et l’empressement des bergers ne diront pas grand-chose. C’est comme si l’horizon de Noël s’était restreint aux décorations dans les rues, les musiques d’ambiance, le souci des courses et du plan de table. Et on peut rester étanche à ce chant des anges et à cet empressement des bergers pour peu que d’autres chants et d’autres empressements prennent le dessus, un peu beaucoup, passionnément, à la folie.

Le chant des anges et l’empressement des bergers nous indiquent autre chose en cette nuit sainte. Ils nous invitent à regarder au-delà des apparences humaines pour nous pencher et regarder l’évènement discret de cette nuit.

Acceptons de nous pencher. Pour aller à la crèche, il faut se pencher. Et d’ailleurs, encore aujourd’hui, il faut se pencher et même beaucoup pour entrer dans la basilique de la Nativité à Bethléem, ou dans les grottes qui sont sous cette église. Nous pencher avec humilité en descendant un peu de notre piédestal. Nous pencher avec tendresse pour nous décentrer et nous mettre à genoux. Nous pencher avec humilité pour découvrir avec confusion et reconnaissance l’évènement. Il nous faut nous pencher sur un enfant. Nous en avons fait l’expérience lors de l’arrivée d’un enfant dans une famille. L’enfant qui paraît attire toute l’attention à lui, par sa fragilité, mais aussi par la joie de cette naissance. Penchons-nous avec humilité vers cet enfant. Et écoutons ce que disent les anges de cet évènement.

Comment parlent-ils de cet évènement ? Nous l’avons entendu dans l’Evangile : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur, c’est le Christ le Seigneur ». En hâte les bergers sont accourus. En hâte les mages arriveront bientôt avec leurs présents. En hâte les foules viendront à Jésus en Galilée ou en Judée. En hâte, beaucoup le rejoignent depuis plus de 2000 ans.

L’évènement de cette nuit de Noël n’est pas celui d’une naissance comme les autres, si belles sont-elles. C’est un évènement de salut. « Un Sauveur vous est né » chantent les anges. C’est lui le Messie attendu par Israël, c’est lui qui vous donnera le bonheur et la joie que vous ne pouvez pas vous donner à vous-mêmes.

Le chant des anges et l’empressement des bergers nous amènent littéralement à la crèche ce soir. Ils nous attirent à l’Enfant pour nous faire regarder ce Sauveur tant attendu et tant désiré. Ils semblent dire à nos cœurs un peu sourds et un peu tièdes : Regardez cet Enfant, ce Dieu désarmé qui vient à vous. Cet Enfant est le don de Dieu, il n’y en a pas d’autre à attendre. Il n’y a nulle part où aller pour trouver le bonheur, la joie et la paix que vous désirez. Peut-être vous êtes vous fatigués à chercher ailleurs, fatigués au point de ne plus rien attendre.

Dans le silence de cette nuit, dans la douceur de la crèche, le chant des anges et l’empressement des bergers sont très réconfortants, à condition que nous tendions l’oreille et ouvrions les yeux, ou plutôt l’inverse que nous fermions un peu nos oreilles au bruit assourdissant de ce monde, et même que nous détachions nos yeux de cette chaîne ininterrompue d’images qui nous arrivent.  

Dans le silence de la nuit, nous n’aurons peut être pas de signe merveilleux, ni d’anges, ni d’étoiles. Mais nous aurons simplement, si je puis dire, la présence de cet Enfant. Sa présence silencieuse, sa présence aimante, sa présence déjà agissante.

Dans le silence de cette nuit, alors nous pourrons nous coucher avec une joie immense : nous ne sommes plus seuls. Dieu vient visiter son peuple. Et cette visitation est une histoire de salut. Dieu vient me visiter dans ma pauvreté, ma souffrance et ma détresse. Dieu vient me visiter dans mes projets et tout le dynamisme de mon existence. Dieu vient visiter ce monde, et chacun de nous, tels que nous sommes, pour nous attirer à lui tel qu’il est.

Saint Augustin disait dans une homélie de Noël : « Pour toi, Dieu s’est fait homme. Tu serais mort pour l’éternité s’il n’était né dans le temps… Tu n’aurais pas retrouvé la vie, s’il n’avait pas rejoint ta mort ». Quel évènement que celui de cette nuit. Dans cet Enfant, Dieu se fait homme pour que l’homme soit Dieu.

Au chant des anges et à l’empressement des bergers, allons, courrons à Bethléem.

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