Et nous voici au seuil de la Nativité. Demain soir, nous célébrons la naissance de l’Enfant-Roi, celui qui vient réaliser les promesses de Dieu pour toute l’humanité. Mais ce 4ème dimanche, ce dimanche où nos couronnes de l’Avent s’embrasent, nous le passons avec la Vierge Marie et cette année, avec le récit de la Visitation, la visite à sa cousine Elisabeth. Dans l’Evangile selon saint Luc, ce récit suit immédiatement celui de l’Annonciation, l’annonce de l’ange à Marie à Nazareth.
Et nous voici avec cette rencontre si belle et si douce dans l’atmosphère d’un petit village de village, peut-être celui d’Ein Karim à quelques kilomètres à l’Ouest de Jérusalem.
Il s’agit évidemment de la rencontre de ces 2 femmes, une jeune et une beaucoup plus âgée. 2 femmes parentes dit le texte, 2 femmes qui vivent chacun le beau mystère de la maternité. Une au printemps de sa vie et l’autre au soir de sa vie. 2 maternités miraculeuses comme l’Evangile le précise bien. Mais à l’origine de cette rencontre, il y a cet empressement de Marie, cette hâte qui la met en mouvement. On pourrait s’interroger sur cette hâte. Veux-t-elle partager sa joie avec Elisabeth ? Veut-elle se mettre au service de sa cousine âgée ? Veut-elle vérifier les paroles de l’ange qui lui avait donné comme signe de la puissance de Dieu la grossesse d’Elisabeth dans son âge avancé ? Nous en resterons à ses conjectures.
Et pourtant, il est beau de nous attarder à regarder la rencontre de ces 2 femmes : Marie visité par l’ange, qui vient visiter sa cousine. Et écouter avec respect les paroles admirables d’Elisabeth : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de ton sein est béni »
La rencontre de ces deux femmes marque tout de suite une autre rencontre : celle des 2 enfants. En Marie, Jésus vient visiter Jean-Baptiste. En Elisabeth, Jean Baptiste vient rendre hommage à son Seigneur qui vient vers lui. Nous sommes bien avant la Passion de Jean Baptiste, bien avant sa prédication, bien avant le baptême du Christ. Là encore, Jésus qui vient trouve Jean-Baptiste dans l’allégresse et le tressaillement. Littéralement, il bondit !
C’est donc une histoire de rencontre. Rencontre des 2 femmes, rencontre des 2 enfants, mais finalement rencontre de 2 mondes. Le monde ancien et le monde nouveau. Le monde de l’Ancien Testament en Elisabeth et Jean Baptiste. Le monde du Nouveau Testament en Marie et Jésus. Le monde en attente du salut. Le monde de la grâace, celui qui apporte le salut. Le mystère de Noël est celui d’une Rencontre, d’une Visitation où Dieu vient visiter l’humanité. Et dans l’évènement humble et discret de Ein Karim, il y a comme en condensé toute l’histoire de cette Visite de Dieu. Dieu qui prend l’initiative de la rencontre et l’homme qui prend l’initiative de l’accueil.
Dans cette rencontre, nous voyons que la visite de Dieu ne substitue pas le monde nouveau au monde ancien. Au contraire, Dieu assume ce monde ancien, il l’accompagne. Et le monde ancien ne s’efface pas devant le monde nouveau. Simplement, il le reconnaît avec respect et confusion. J’en veux pour indice cette magnifique confession de foi d’Elisabeth : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » En Elisabeth, ce monde nouveau ne passe pas, il ne s’efface pas, il s’incline, tout à la joie de se savoir enfin rejoint et visité. Cette rencontre annonce le salut.
Il nous faudrait garder aujourd’hui cette parole d’Elisabeth : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? », parce qu’elle pourrait exprimer ce que nous portons dans notre désir au seuil de Noël. Je ne parle pas de l’attente des cadeaux, des multiples rencontres, ou l’attente que tout cela soit vite passé. Je parle de l’attente d’être rejoint et visiter par ce Seigneur qui vient me sauver. Je parle de cette joie indicible, de cette confusion d’être visité par le Seigneur en cette fête de Noël, comme dans chaque Eucharistie, dans chaque rencontre, dans chaque instant.
A la lumière de l’évènement d’Ein Karim, chaque rencontre est quelque part une visite de Dieu dont il a l’initiative et qui sollicite notre accueil et notre hospitalité. Cette fête de Noël pourra devenir une rencontre de salut si nous exprimons à celui qui nous visite notre confusion et notre émerveillement