Au terme de cette octave de Pâques, nous voici à nouveau avec les apparitions du Christ ressuscité. Elles ne sont pas si nombreuses dans l’Evangile selon saint jean, trois en tout, 2 à Jérusalem, une au bord du lac de Galilée.
Les deux qui nous sont présentées ici sont riches. Nous pourrions rester longtemps avec ce beau texte. Il y a le don de la paix, donné à 3 reprises, qui est plus qu’une salutation, mais le don premier que le Christ ressuscité fait à ses disciples. Il y a leur cœur mêlé de joie et de crainte, d’allégresse et de lenteur à croire. Et il y a ce binôme de 2 verbes : voir et croire.
Déjà dimanche dernier, dans la clarté du matin de Pâques, nous avions entendu ce couple, à propos de l’arrivée de Pierre et de l’autre disciple au tombeau vide. Et cette phrase : Il vit et il crut. La foi dans l’évènement de la résurrection qui se suffit des quelques éléments de ce matin : le tombeau vide, les linges posés à plat, la mémoire des promesses de Dieu,…
Au soir de Pâques, c’est bien ce même binôme qui est actif : voir et croire. Voir pour croire, croire en voyant, croire sans voir, voir quoi, voir qui ? croire quoi ? croire qui ?
Au risque de vous décevoir, je n’accablerai pas St Thomas pour lequel j’ai une grande affection : après tout, c’est un apôtre comme les autres. S’il doit devenir un témoin du Christ ressuscité, je ne suis pas surpris qu’il revendique sa propre marque des apparitions du Christ. D’autant plus que cette apparition nous vaut la plus belle confession de foi de tout l’Evangile, après celle de la sœur de Lazare au moment de la résurrection de son frère, ou même après celle de la Samaritaine au puit de Jacob.
Donc il s’agit de croire, croire que le Christ est ressuscité, croire qu’il est la Résurrection et la vie, croire qu’il est Christ est Seigneur. Cet acte de foi ne va pas de soi, parce qu’il est plus difficile que cela en a l’air. St Augustin, dit même que c’est le plus difficile, plus difficile de croire en la mort du Christ, ce qui est à la portée de tous.
Croire que le Christ est ressuscité. Que le corps n’a pas été enlevé. Pour les femmes, puis pour les apôtres, cet acte de foi sera lent à monter à leurs lèvres et à descendre dans leur cœur. Et après le témoignage des anges, des femmes et même le germe de foi de Jean, c’est bien ce que le Christ leur reproche, quelque fois même de façon rude.
Croire que le Christ est passé de ce monde à son Père. Même si les plaies et le côté transpercé témoignent que c’est bien le même avant et après Pâques, il s’agit de croire que cette résurrection n’est pas une réanimation, mais l’entrée dans un monde nouveau, dans une création nouvelle où le Christ nous entraîne.
Croire que le Christ est Seigneur. « Mon Seigneur et mon Dieu » s’écrie Thomas, alors que le Christ ressuscité consent à se montrer à nouveau à ses apôtres réunis et enfermés. Si les disciples et les foules ont pu appelé Jésus du titre assez neutre de Maître au long de son ministère public, ici il y a un saut radical dans la perception de la personne de Jésus. Jésus Christ est Seigneur à la gloire du Père.
Nous n’avons pas vu les plaies et le côté transpercé ; nous n’avons pas plus eu d’apparition du Christ ressuscité, mais en ce dimanche nous voici à nouveau en train de recevoir la Parole de Dieu, le témoignage apostolique de l’évènement du Ressuscité. Nous voici à nouveau devant ce cierge pascal allumé dans la nuit de Pâques, devant cette vasque baptismale qui nous a lavés au seuil de cette célébration. Tous ces gestes nous parlent de notre baptême dans lequel nous avons été plongés. Tous ces gestes expriment et supportent notre acte de foi.
Aujourd’hui encore, nous sommes remis à notre acte de foi. Oui, je crois que tu es Christ et Seigneur, mon Seigneur et mon Dieu. Aujourd’hui, je crois en ta miséricorde divine, qui me fait entrevoir plus loin que tes plaies, mais la source de ton cœur transpercé. Il ne s’agit pas de comprendre, mais de croire. Il ne s’agit de saisir, mais de recevoir.
Aujourd’hui, nous sommes invités à recevoir ce souffle pascal, cette paix qu’il donne. Quoique nous voyons, quoique que nous ressentions, je invité à consentir à une réalité : n’avoir d’autre voile que ma foi, confiant que je suis dans ce souffle qui me guide et me protège.
« Sans te voir, nous t’aimons, Sans te voir, nous croyons, et nous exultons de joie Seigneur, sûrs que tu nous sauves, nous croyons en toi".