Vous aurez peut-être remarqué que les textes qu’on vient d’entendre n’ont apparemment pas grand rapport avec ce que nous fêtons, si ce n’est que l’évangile nous parle bien de Marie, tout comme la lecture de l’Apocalypse y a fait allusion…
Quelle est la raison à cela ? La raison, elle toute simple, c’est parce que dans les évangiles il n’y a rien qui nous parle de l’Assomption de Marie. Rien. On ne sait rien de sa fin de vie et encore moins de son éventuelle ‘résurrection’. Ça n’intéresse pas les rédacteurs du Nouveau Testament ; non pas que ce ne soit pas important ou intéressant mais c’est d’un autre ordre de ce qui, pour le coup, est le cœur de notre foi et du message des évangiles, à savoir la mort et la résurrection de Jésus et tout ce qui en découle, tout ce qui a suivi avec la naissance et le développement des 1ères communautés chrétiennes.
Pourquoi, du coup, est-ce qu’on fête l’Assomption de la Vierge, pourquoi est-ce que les chrétiens se rassemblent pour une messe en l’honneur de d’un évènement sur lequel les évangiles restent muets ?
Depuis les 1ers temps de l’Eglise, Marie est vénérée, tout simplement parce que sans elle nous n’aurions pas accueilli Jésus, sans elle nous n’aurions pas accueilli le Salut. Marie a toujours été vénérée dans l’Eglise parce qu’elle tient une place toute particulière dans le projet de Dieu. Très tôt on s’est demandé comment elle avait pu mourir. Et très vite la Tradition en est venu à se dire que la mère du Sauveur, la Mère de Dieu, n’avait pas pu mourir comme tout le monde, en raison de son « statut » particulier – elle est quand même celle qui a porté en elle, en son corps, celui que nous croyons être le Sauveur. Nos frères Orientaux ont parlé de la ‘Dormition’ de la Vierge ; ça veut dire que Marie s’est endormie – j’ai envie de dire comme tout le monde – mais que son corps, qui avait porté Dieu lui-même en la personne de Jésus, n’a pas pu connaître la dégradation de la mort. En Occident on a parlé de l’Assomption de Marie, le fait qu’elle monte sans mourir auprès du Père et de son Fils – il fallait bien que son corps aille quelque part.
Tout ça est un peu rapide, je vous l’accorde Et pourtant, il s’agit bien de fêter l’Assomption de Marie, c'est-à-dire fêter les merveilles que Dieu fait pour elle comme elle le dit dans son cantique du Magnificat. Fêter l’Assomption, c’est fêter l’accueil de Jésus qu’elle a accepté et qui a permis à Dieu de nous venir nous visiter, de nous rejoindre et nous livrer son message d’amour et de pardon. Grâce à Marie, grâce au ‘oui’ de Marie, e Christ, peut nous libérer de ce qui emprisonne nos vies et nos cœurs, si nous consentons à mettre notre confiance en lui. Du coup, fêter l’Assomption de Marie c’est surtout fêter, par elle, la résurrection du Christ, cette résurrection qui nous est promise même si nous ne savons pas toujours ce que ça va être très concrètement. Vous aurez remarqué que la 2ème lecture nous a justement parlé de la résurrection de Jésus.
Donc nous avons quelque chose à voir avec la fête de ce jour, elle nous intéresse d’une belle manière.
Nous célébrons aujourd’hui la première en chemin, celle qui nous précède, celle qui est entrée la première dans cette gloire du ciel. Nous pouvons contempler en Marie, au terme de son pèlerinage, la beauté de celle que Dieu associe à sa gloire, parce qu’elle a répondu Oui à sa vocation, parce qu’elle est devenue la première des disciples tout en étant mère du Sauveur.
Nous célébrons donc le salut de Dieu, que nous voyons à l’œuvre dans cette femme de Galilée. Dieu est vraiment à l’œuvre, non seulement en faisant naître son Fils dans le sein d’une femme, en unissant sa divinité à notre humanité dans ce mouvement d’abaissement. Il est également à l’œuvre dans ce mouvement d’ascension, d’assomption, où toute l’humanité de Marie est associée la divinité : toute l’humanité, son âme et son corps. La voilà l’œuvre d’amour miséricordieux de Dieu, qui accueille en son sein, celle qui avait accueilli dans le sien le propre Fils de Dieu.
Nous célébrons aussi aujourd’hui notre propre horizon : nous sommes promis à cette gloire du ciel. Quel que soit notre existence, en répondant un Oui généreux et fidèle au projet miséricordieux de Dieu sur nous, cette gloire du ciel nous est promise, elle est notre destinée, notre horizon. C’est ce qui a commencé pour nous au jour de notre baptême, et c’est ce qui ne cesse de s’approfondir jour après jour. En regardant Marie dans sa gloire, nous désirons y être associés, avec toute notre humanité, glorifiée, comme nous le disons dans le symbole des Apôtres : je crois à la résurrection des corps.
Il n’y a pas de mots, ni de chants à la hauteur de ce que nous célébrons aujourd’hui. Alors reprenons au moins une fois dans la journée le chant de Marie : le Seigneur fit pour moi des merveilles. Son Magnificat a vocation à devenir notre Magnificat devant les merveilles de Dieu, la merveille de notre salut, ce trésor de Dieu pour nous.