Nous voici en cette fête de Tous les Saints, où l’Eglise fête le ciel, la communion divine de tous ceux qui nous ont précédés alors qu’ils sont au terme de leur pèlerinage terrestre et spirituel. Pourquoi fêtons nous ce jour d’une façon si solennelle ? Quel sens cela a-t-il et que pouvons nous en attendre ou en espérer ?
Pour la plupart d’entre nous, au matin de notre vie, nous sommes entrés par le baptême dans une relation si particulière avec Dieu. Nous étions des êtres créés par Lui et c’était déjà beau. Mais par le baptême nous sommes devenus des enfants des Dieu, des fils et des filles pour Lui, enfants aimés, enfants sauvés, enfants pardonnés. Et depuis ce jour, Dieu n’a de cesse de nous attirer à Lui et de nous associer à son Royaume. C’est le mouvement profond et décisif de la charité en nous. L’amour de Dieu veut nous enflammer au point de devenir flamme avec Lui, lumière avec Lui, chaleur avec Lui.
Aujourd’hui il nous est proposé de regarder cette foule immense de saints, d’hommes et de femmes qui nous ont précédés. Et la foi nous assure qu’ils sont entrés dans cette lumière, dans ce feu de l’amour de Dieu, au point d’y vivre en communion. Ainsi donc aujourd’hui nous fêtons des compagnons de route qui nous assurent de la réalité de cet amour transformant. Et comment pourrait-on en douter en lisant à livre ouvert dans la vie d’un Frédéric Ozanam ou d’une Mère Térésa ? Comment ne pas être séduit en suivant pas à pas un St François d’Assise ou une Ste Jeanne d’Arc ? Comme ne pas être soulevé d’enthousiasme spirituel en rencontrant la figure si connue de Ste Thérèse de Lisieux ou celle moins connue du Bx Pier Giorgio Frassati. Tous nous transmettent un enseignement qui est aussi un encouragement : « la grande affaire, c’est de devenir des saints ». C’est formellement ce que disait notre St Philippe Néri. Ou encore plus près de nous St Jean-Paul II : « Si vous devenez ce que vous êtes, alors vous mettrez le feu au monde entier ».
Aujourd’hui, nous fêtons des compagnons. Compagnons de route dans notre pèlerinage de notre vie terrestre, qui est une vie baptismale qui attend son accomplissement. Compagnons sur notre chemin de sanctification où le Royaume de Dieu se dévoile peu à peu par nous et en nous. Compagnons de route qui nous aide par le modèle de leur vie, par l’enseignement qu’est leur propre existence.
Aujourd’hui, nous fêtons une famille, des amis dans le Seigneur qui nous veulent du bien, au point de le faire pour nous, en intercédant auprès de Dieu. La litanie des saints chantée à l’entrée de cette célébration nous fait expérimenter, comme à chaque baptême, cette présence active des saints à notre vie : le ciel prie Dieu pour la terre. Les saints prient pour nous et savent être des appuis pour les pèlerins que nous sommes.
Aujourd’hui nous fêtons des vivants. Pas des saints de vitraux ou d’images, mais des vivants, plus vivants que vous et moi, parce qu’ils sont enfin entrés dans la pleine communion avec le vivant. Ils louent, ils chantent, ils dansent, ils sont entrés dans la liturgie du ciel, celle où la joie et l’amour de Dieu n’ont plus de limite, ni de soir et de matin. Les vivants que nous fêtons sauront nous aider à devenir des vivants comme eux.
Je demandais tout à l’heure que faut-il espérer ou attendre de cette fête ? Je vous propose 2 réponses :
Cette fête peut nous permettre de désirer être en leur compagnie. Les prendre comme compagnons de route, parce que c’est bien pour cela que nous sommes faits : cette communion des saints qui s’accomplit au ciel, et qui est déjà commencée dès notre baptême. Dans un sermon pour cette fête, St Bernard dit : « Elle nous attend, cette Eglise des premiers-nés, et nous n’y prêtons pas attention. Ils nous désirent les saints, et nous n’en faisons guère de cas. Ils comptent sur nous, les justes, et nous restons indifférents »
Cette fête peut nous aider à désirer vivre cette communion divine, et du même coup, à réinterroger sur les motifs de notre espérance. « Nous lui serons semblables, parce que nous Le verrons tel qu’il est », comme enseignait St Jean dans la 2ème lecture. Voilà notre vocation et notre horizon. Ne laissons pas le brouillard obscurcir nos yeux. Maintenons vif notre désir, les saints nous y aident.