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Aimez-vous Jésus ?

collection-icone-amitie-jesus-saint-menah.jpgLa question ne surprendra pas les étudiants qui connaissent leur aumônier. Mais permettez moi cette question à la suite de l’Evangile que nous venons d’entendre. Le Christ parle de la condition du disciple. Il doit renoncer à tout ses biens, il doit porter sa croix, il doit marcher à la suite de Jésus, et il doit préférer Jésus à tout autre. Préférer, c’est donc une question d’amour de préférence, aspect suffisamment important pour que le Christ commence par ce point. Comment le comprendre ?

On peut le comprendre en réduisant cet enseignement à quelques uns. Après tout, c’est l’appel adressé à quelques apôtres, et à leur suite un appel singulier adressé à quelques uns dans l’Eglise. L’appel singulier au célibat et à la pauvreté radicale pour les moines. L’appel et la vocation singulière pour ceux qui quittent tout pour partir au désert, dans un cloître ou ailleurs.

Avouez, qu’une telle interprétation nous laisserait, vous laisserait un peu indemnes. Alors je reviens à la question de l’amour de préférence. Aimer, c’est déjà une certaine préférence, une certaine prédilection, voir une certaine exclusivité. Dans le mariage, dans un couple humain, aimer son conjoint, c’est renoncer aux autres. C’est d’ailleurs le problème de Don Juan dans le livret de l’opéra de Mozart, qui refuse de se marier, pour ne pas avoir à renoncer à toutes les autres femmes.

Aimer, c’est choisir par préférence. Aimer c’est toujours aimer les proches par préférence. On aime ceux qui nous sont proches, parce qu’ils sont proches, parce qu’on le choisi de préférence à ceux qui sont plus loin. Cet amour de préférence est une école qui va nous aider à commencer à aimer ceux qui sont plus loin, même si cet amour se manifeste différemment. L’amour conjugal ne se traduit pas de la même manière que l’amour pour les enfants, ni que l’amour d’amitié, ou l’amour qui nous fait agir pour quelqu’un qui est plus loin. Mais la visée reste bien celle d’un bien que l’on veut pour autrui, qui reste celle d’une gratitude pour la présence de l’autre.

Aimer suppose une préférence et suppose également une vraie liberté. Liberté par rapport à tous les cordons ombilicaux mal coupés ou coupés trop tôt. Une vraie liberté qui nous fait aimer en vérité, ni trop, ni trop peu, ni trop mal. Un amour qui accepte la distance, qui accepte que l’autre ne fusionne pas avec moi, qu’il reste lui ou elle.

Alors le Christ nous demande cet amour de préférence pour lui : il nous demande de le préférer comme ce premier prochain à aimer, de sorte qu’auprès de lui nous apprendrons à aimer ensuite tous els autres, ceux qui sont proches, comme ceux qui sont loin, ceux avec lesquelles nous avons des affinités, et ceux pour qui les aversions nous éloignent.

Avec cet amour de préférence que le Christ sollicite de nous, nous apprenons que la foi est d’abord une question d’amour, avant d’être une question de connaissance. Les français que nous sommes restent un peu cérébraux. D’où Jésus reste quelqu’un à connaître. Ses paroles restent à écouter et à lire. Le Royaume reste un programme à mettre en œuvre. L’Evangile reste un livre à ouvrir. Mais il est un personne. L’Evangile est une personne. Le Royaume est une personne. Jésus est une personne à aimer, d’un amour de préférence qui réordonnera tout ce qui peut y avoir de désordonnée dans nos affectons humaines, qu’elles soient des affections pour les personnes, des attachements désordonnées aux biens matériels (et la culture consumériste ne nous y aide pas).

Au fond, le Christ nous demande de vérifie où nous avons mis notre cœur. Vaste opération de vérité. Vaste chantier de discernement. Le point source et sommet de cette opération vérité est notre amour de préférence pour le Christ. Sans cela notre foi reste des mots, elle n’engage pas encore notre vie, elle ne change pas notre regard sur ceux qui sont loin, elle ne guérit nos affections blessées pour ceux qui sont proches. Alors laissez-moi vous reposer la question : « aimez-vous Jésus ? »

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