Quatrième bougie, quatrième étape de notre chemin de l’Avent. Nous nous sommes préparés, nous avons veillé, nous avons cultivé la joie et la paix. Aujourd’hui, l’invitation est celle de la Visitation.
Marie, en hâte, se met en route pour les 3 jours de marche qui la sépare de Eïn Karem. Pouuqoi part elle ? Le texte reste discret : besoin de vérifier les dire de l’ange qui avait annoncé la grossesse d’Elisabeth ? Besoin de voir l’œuvre de Dieu pour qui rien n’est impossible, pensez-donc, un enfant dans la vieillesse d’Elisabeth. Souci de se mettre à son service. Le texte ne dit rien d’autre, mais dans la méditation de ce mystère de la Visitation dans notre Rosaire, c’est la charité que nous demandons comme fruit. Une Visitation est donc une visite dans la charité.
Je vous propose de considérer que cette Visitation est une parabole de la miséricorde de Dieu à l’œuvre. On voit que la rencontre dépasse une simple cousinade, ce qui serait pourtant déjà très légitime. Dans cette rencontre, c’est la rencontre des 2 enfants, et Jean-Baptiste qui trésaille et reconnaît le Sauveur dont il est le Précurseur. En Elisabeth, le prophète parle déjà silencieusement et rend témoignage à la Parole qui s’est faite chair en Marie. Dans cette rencontre, le Nouvel Adam rencontre le dernier des prophètes, le Nouveau Testament vient visiter l’Ancien qui l’attendait et lui rend ainsi témoignage.
Mais je vous proposais une parabole de la miséricorde de Dieu à notre égard. Dans cette Visite de charité, Dieu vient visiter l’humanité dans ce qu’elle a de plus faible, un fœtus, mais aussi l’humanité qui attend sa délivrance et son salut. Dans quelques jours, nous serons béats devant nos crèches, en contemplant cet enfant en qui Dieu vient nous visiter dans la faiblesse de notre chair. Visitation, visite de charité.
Nous pourrions méditer longtemps sur la portée de cette visite de Dieu. Visite annoncée, mais qui reste impromptue. Visite discrète, mais visite ô combien efficace. Nous pourrions nous interroger sur nos propres dispositions à l’égard de cette visite : notre préparation, notre disponibilité, notre attente, notre reconnaissance à l’égard de Celui qui nous visite.
Pour l’heure restons sur l’invitation de ce 4ème dimanche : Visitez. Elle résonne d’autant plus qu’elle nous renvoie à l’une ou l’autre œuvre de miséricorde corporelle. Et cette année de la miséricorde doit nous interroger à ce sujet. Visiter les malades, les prisonniers, ceux qui sont dans le besoin…
Visitation ou visite de charité, au sens le plus fort de ce terme. La Visite de Marie à Elisabeth, et la visite de Dieu dans la faiblesse de notre chair, nous interroge et nous éclaire sur nos propres visites. Comment visitons-nous ? Pour qui et pour quoi visitons nous ?
Je relève 3 traits sur lesquels nous pouvons nous appuyer :
Une visite dans l’Esprit-Saint. Visitée par l’Esprit Saint, Marie visite sa cousine qui est elle-même remplie de l’Esprit Saint. L’Esprit qui habite le ciel et la terre n’est pas en reste dans toute relation humaine. Il est toujours déjà là et nous précède. Il y a un acte de foi à faire, de sorte qu’aucune rencontre, aucune visite n’est anodine, parce qu’elle ne saurait être soustraite à la présence de l’Esprit Saint qui nous devance et nous entoure. Esprit de conseil quand il le faut, Esprit de force à d’autres moments,
Une joie dans l’humilité. Malgré la différence d’âge et de situation, Elisabeth accueille la dignité de celle qui vient à sa rencontre. Toutes deux sont au service de ce mystère qui les dépasse. Il faut que soit accomplie toute vérité et toute justice. Toutes deux sont les servantes du mystère de l’autre.
Une visite dans la joie. Joie humaine, mais surtout joie dans l’Esprit Saint. Une joie qui éclaire ce que les tristesses humaines peuvent masquer. La joie de la liberté, la joie de la charité simple et à l’œuvre. Une joie communicative dont nous avons tous besoin, et que nos contemporains attendent de nous.
Que cette Visitation, cette visite de charité, éclaire notre attente de Noël et qu’elle nous ouvre à la grâce des rencontres à venir.