Voici déjà le 3ème dimanche que nous lisons un extrait du long discours du pain de vie. Après avoir nourri les foules en multipliant les pains, le Seigneur Jésus revient à la synagogue de Capharnaüm pour les enseigner longuement sur le sens de ce miracle. Et nous aussi avons besoin d’être enseignés longuement.
Le peuple hébreu avait déjà connu le miracle d’un pain venu du Ciel qui les avait nourri. C’est au désert, pendant les 40 années qui ont suivi la sortie d’Egypte. Au long de cette pérégrination, le Seigneur n’avait cessé de prendre soin de son peuple en le nourrissant jour après jour. De sorte qu’ils ont pu, ou plutôt la génération suivante, entrer en Israël, pays ruisselant de lait et de miel. Mais, tous mourront néanmoins de leur plus belle mort. Ce pain venu du Ciel n’aura pas été un pain d’immortalité, seulement un pain les préservant d’une mort immédiate.
Le Christ présente ce pain venu du Ciel qui donne la vie, et la vie éternelle. Il présente donc à ceux qui l’écoute de façon inouïe jusqu’alors, ce pain des anges, ce pain des forts, qui donne la vie. Et quelle vie ! Et de fait, dimanche après dimanche, nous venons recevoir ce pain que nous ne sommes pas donné à nous-mêmes mais que nous recevons d’ailleurs, de plus loin. Le pain d’une promesse, le pain de l’éternité qui vient à nous.
Tout cela et très bien, mais l’Evangile d’aujourd’hui change brusquement de vocabulaire. Brusquement et presque violemment. Il ne s’agit pas seulement de manger ce pain du Ciel, il s’agit de manger la chair et de boire son sang. Littéralement : de mâcher sa chair. Et l’objection des Juifs fuse aussitôt. Comment cet homme-là pourrait-il donner sa chair à manger ?
Il ne s’agit pas de manger un pain en souvenir de lui. Il ne s’agit pas plus d’assimiler son enseignement, de boire ses paroles ou de se rassasier de sa présence. Il s’agit bien de manger sa chair et de boire son sang. Il s’agit de le manger lui. La chair désigne ici toute la personne, corps et esprit, y compris en ce qu’il est en relation avec autrui. Le sang désigne lui la vie sacrée qui s’écoule en tout personne. Pour recevoir cette vie qui vient du Ciel, il s’agira donc de consommer celui qui vient du Ciel et qui fait ce cadeau inouï de se donner en nourriture.
Voilà qui réinterroge nos communions. Celle du dimanche, comme celle des messes de semaine. Je vous laisse 2 questions :
1. A quoi communions-nous ? Pardon de posons cette question si abruptement, mais l’Evangile de ce dimanche implique une question incisive. A quoi communions-nous ? A la mémoire d’une évènement passé ? A la joie d’être réunis en ce jour si particulier de la semaine ? A la parole de Jésus ? A sa personne ? Il y a à s’interroger et à recevoir de façon très forte ces affirmations entendues il y a un instant : « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, en lui »
2. Qu’attendons-nous de notre communion ? Là encore l’habitude, la routine peut s’installer. Il faut avoir été privé de la communion sacramentelle pour percevoir que quelque chose manque. J’avais été en relation épistolaire avec un séminariste vietnamien qui faisait tous les jours 50 km à bicyclette pour participer à l’Eucharistie. Qu’est-ce que ce quelque chose que nous attendons en nous approchant ? La participation à l’assemblée eucharistique ? La pleine communion à l’évènement ? La communion à la vie divine qui nous est donnée dans ce pain du Ciel ? Là encore, le Christ est on ne peut plus audacieux : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour ».
Pendant 3 dimanches, il nous a été donné d’entendre et de méditer à nouveau ce long discours du pain de vie. Au cœur de notre été, c’est comme une retraite eucharistique qui nous est proposée. Le but : alimenter notre ferveur et notre désir. Aujourd’hui, je vous propose de recevoir cette eucharistie comme si c’était la première fois, l’unique fois de notre vie, avec toute la délicatesse de notre cœur, mais aussi l’expression de notre attente et de notre désir.