L’Evangile que nous venons d’entendre, vous l’avez reconnu. C’est ce que nous entendons à chaque que nous venons à la messe. Au soir de sa Passion, avant la prière au jardin des Oliviers, avant l’arrestation, le procès, le chemin de Croix et la mort et la résurrection. Avant donc cette offrande de lui-même, il institue ce sacrement de l’Eucharistie où le pain et le vin devienne son Corps et son Sang, livrés pour nous, donnés en nourriture pour notre vie.
Ce repas de Jésus n’est pas n’importe quel repas. C’est le repas de la Pâque juive, celui qui commémore la sortie d’Egypte. Des siècles plus tôt Dieu avait fait sorti son peuple d’Egypte et pour s’en souvenir, tous les ans le peuple d’Israël célèbre cet évènement en mangeant l’agneau de la Pâque, des pains sans levains, des herbes amères et en buvant 4 coupes de vin en signe de libération. Je dis en souvenir, c’est un peu faible. C’est bien plutôt en mémorial. La liturgie juive insiste : chacun de ceux qui participent à ce repas doit se considérer comme étant lui-même sorti d’Egypte. C'est-à-dire qu’on ne fait pas l’anniversaire d’un évènement du passé. Mais l’évènement du passé vient à nous avec sa force libératrice et la vie qu’il donne à nouveau.
Jésus prend ce pain et ce vin, les bénit et les donne. Il prend donc quelques éléments de ce repas pascal pour instituer le sacrement de son offrande et de sa présence. Du pain, du vin. Les fruits de la terre, de la vigne et aussi du travail des hommes. Ce n’est pas rien. Des aliments tout simples mais déjà chargés d’une forte puissance symbolique. Des aliments tout simples et ceux là seulement. Ce pain sans levain, c'est-à-dire qui n’a pas eu la temps de lever. Ce vin issu de la vigne.
Il les reçoit de ceux qui les ont apporté. Il les bénit par une action de grâce qui monte vers son Père. Il rompt le pain et il donne à ses disciples en nourriture et e boisson. Et voilà que ce pâin et ce vin deviennent son Corps et son Sang, cette vie versée pour nous et qui nous est donnée pour être notre propre vie.
Ce pain et ce vin, pris, bénis, rompu et donné, c’est lui. C’est Jésus qui est pris en devenant un de nous par sa naissance à Bethléem. Il est béni par l’Esprit Saint qui est sur lui pour faire la volonté du Père. Il est rompu par cette passion et cette mort sur la Croix et il est donné en nourriture.
Quelqu’un qui n’a pas la foi et qui entrerait dans ce bâtiment serait assez surpris. Pourquoi cette disposition ? Pourquoi cette manière de s’habiller ? Et surtout au moment de la communion, pourquoi présente-t-on un morceau de pain, à la forme et à l’apparence bien inhabituelle, en disant le Corps du Christ et pourquoi les gens qui le reçoivent répondent-ils Amen ? Vu de l’extérieur et en ce mettant à la place de quelqu’un qui ne partage pas la foi catholique, tout est surprenant, voire choquant.
Une des strophes de la séquence que vous avez lue en partie tout à l’heure dit : « Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer, hors des lois de la nature. L’une et l’autre de ces espèces, qui ne sont que de purs signes, voilent un réel divin ». C’est donc la foi qui nous fait croire que ce pain et ce vin devienne le sacrement de l’amour de Jésus pour nous. Sacrement c'est-à-dire le signe efficace et rendu présent de l’Alliance de Dieu avec son peuple ; le signe efficace de l’offrande du Christ pour nous et pour notre salut ; le signe efficace de la présence du Christ, notre pain quotidien.
Nos yeux voient du pain, notre langue goûte du pain, mais notre foi croit que, en vérité et réellement, c’est le Corps du Christ qui est consacré sur l’autel par ce récit de l’institution et l’invocation de l’Esprit Saint. Il est vraiment grand ce mystère si central de notre foi.
Chers enfants, c’est le jour où vous recevez pour la première fois ce Corps du Christ. Je veux vous remercier. Merci d’être disponibles à lui qui veut continuer avec vous une histoire d’amitié très personnelle. Merci de vous y être préparés si sérieusement, si consciencieusement. Merci de dire cet Amen avec autant de foi. Vous ne comprenez pas tout, mais c’est normal. La foi, ce n’est une question scientifique qui se démontre. La foi, c’est accueillir ce que Dieu nous dit de lui et ce qu’il fait pour nous. Aujourd’hui votre foi stimule les anciens premiers communiants que nous sommes. Qu’avons-nous découvert du Christ depuis notre première communion ? Comment le Christ nous est-il devenu plus intime, plus familier ? Comment réglons-nous notre vie sur ce Corps que nous recevons sur nos mains, sur nos lèvres ?