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Vivre, c'est changer

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C’est notre cher cardinal Newman, l’oratorien de Birmingham qui dit cela. Vivre c’est changer. Après un parcours de Carême où nous avons reçu différentes figures pour nous aider à avancer sur ce chemin de la conversion, le chemin du changement intérieur, nous voici avec cette femme, la femme adultère.

Abraham, le sédentaire apatride et sans enfant s’était mis en route vers une terre et une descendante promises. Pour lui, changer, ce fut de donner sa foi en Dieu. Pour Moïse, ce fut de conduire le peuple à travers l’épreuve du désert. Pour le fils prodigue, ce fut ce retour sur lui-même et ce chemin de retour vers la maison du Père. Et voici ce dimanche cette femme qui ne demande rien, qui arrive devant Jésus pas tellement pour être accusée, mais plutôt pour être l’instrument d’une condamnation qui la dépasse : celle de Jésus par les scribes et les pharisiens. Elle ne dit presque rien. Elle est témoin de quelque chose qui la dépasse complètement, et pourtant, une phrase de Jésus, cette phrase finale que nous connaissons par cœur : « Va et désormais, ne pèche plus ».

Pour elle, et en cette instant précis, vivre c’est vraiment changer. Et le changement en cet instant précis, c’est une vie redonnée, une beauté renouvelée, un chemin qui se réouvre dans une existence comme arrêtée, figée, tétanisée par cet enfermement.

Les autres lectures de ce jour nous y aident, et comment. Isaïe : « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé ». La vie est devant, elle n’est pas en arrière. Cela paraît une évidence. Mais il faut le réentendre. Le péché a quelque chose de statique. Alors que la grâce met en mouvement. Seule la grâce crée, seule la grâce fait du neuf, seule la grâce met en mouvement. Dès lors il n’y a plus à se tourner vers le passé. Dieu qui nous change en nous sauvant nous met en mouvement.

Nous pourrions ce matin nous interroger sur notre capacité à changer. Sur notre capacité, notre disponibilité à nous mettre en mouvement intérieur. Sur notre capacité à accueillir ce qui nous altère. Tout cela est bien et nécessaire. Cela fait partie de notre chemin de Carême. Mais en ce dimanche, je voudrais nous rendre attentifs à cette réalité possible du dynamisme, du changement (sans aucune allusion politique, évidemment). On peut changer. La grâce nous change. Et la vie, c’est changer.

Saint Paul vient conforter cette réalité en prenant l’image de la course. « Je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela… Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus » (Ph 3,12-14).

Que nous le voulions ou non, la foi de notre baptême nous a mis en mouvement vers la vie, alors que la réalité humaine va de la vie vers la mort. Le baptême a renversé cette réalité, c’est ce que nous célébrons à chaque funérailles. Par le baptême, nous sommes lancés en avant, propulsés de l’intérieur vers Celui qui nous attend, comme le Père de la parabole du fils prodigue. La scène de la femme adultère, lue ce dimanche, nous redit à quel point ce dynamisme appartient à Dieu. Parce qu’il est seul à nous relancer vraiment, à nous remettre en route quand nous sommes en panne. Cette femme qui n’avait rien demandé, s’entend dire « Va et désormais ne pèche plus ». La voici relancée sur le chemin de sa vie. Peu à peu, il lui faut quitter ses oripeaux. Il lui faut se délester de ce qui encombre la manifestation de son identité, de sa vocation à la joie et au bonheur. Peu à peu, il lui faut changer pour devenir ce qu’elle est.
Quant à nous, qui sommes engagés sur ce chemin de Carême, une espérance nouvelle se dévoile : nous pouvons changer, devenir meilleurs. Ce Carême 2013 nous progressons. Ce Carême 2013, la grâce nous dynamise, et c’est la réalisation profonde de ce que nous sommes, appelés à changer sans cesse. L’enfant n’imagine pas qu’il va changer, parce que son univers lui suffit. Le jeune adulte avance dans cette nouvelle étape de sa vie avec beaucoup d’entrain ou d’appréhension dans ce changement. La personne âgée peut penser ne plus rien espérer de neuf, blasé qu’elle est de tout ce qu’elle a vu et connu. Or, notre identité la plus profonde, celle que Dieu nous a confié, ne se révèle que dans le changement, un changement qui est à l’œuvre toute notre vie, et donc en ce Carême 2013. Je le redis avec le cardinal Newman en ce jour : « Vivre, c’est changer ; être parfait, c’est avoir changé souvent

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