UA-63987420-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Vivre d'amour

    therese.jpgC'est le Carême, et je ne me lasse pas de cette poésie de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus. Les mises en musique sont plus ou moins réussies. Mais le texte garde son intensité et son appel à une vie intérieure plus grande.

    Au soir d’Amour, parlant sans parabole
    Jésus disait : "Si quelqu’un veut m’aimer
    Toute sa vie qu’il garde ma Parole
    Mon Père et moi viendrons le visiter.
    Et de son cœur faisant notre demeure
    Venant à lui, nous l’aimerons toujours !…
    Rempli de paix, nous voulons qu’il demeure
    En notre Amour !…"

    Vivre d’Amour, c’est te garder Toi-Même
    Verbe incréé, Parole de mon Dieu,
    Ah ! tu le sais, Divin Jésus, je t’aime
    L’Esprit d’Amour m’embrase de son feu
    C’est en t’aimant que j’attire le Père
    Mon faible cœur le garde sans retour.
    O Trinité ! vous êtes Prisonnière
    De mon Amour !…

    Vivre d’Amour, c’est vivre de ta vie,
    Roi glorieux, délice des élus.
    Tu vis pour moi, caché dans une hostie
    Je veux pour toi me cacher,ô Jésus !
    A des amants, il faut la solitude
    Un cœur à cœur qui dure nuit et jour
    Ton seul regard fait ma béatitude
    Je vis d’Amour !…

    Vivre d’Amour, ce n’est pas sur la terre
    Fixer sa tente au sommet du Thabor.
    Avec Jésus, c’est gravir le Calvaire,
    C’est regarder la Croix comme un trésor !…
    Au Ciel je dois vivre de jouissance
    Alors l’épreuve aura fui pour toujours
    Mais exilée je veux dans la souffrance
    Vivre d’Amour.

    Vivre d’Amour, c’est donner sans mesure
    Sans réclamer de salaire ici-bas
    Ah ! sans compter je donne étant bien sûre
    Que lorsqu’on aime, on ne calcule pas !…
    Au Cœur Divin, débordant de tendresse
    J’ai tout donné… légèrement je cours
    Je n’ai plus rien que ma seule richesse
    Vivre d’Amour.

    Vivre d’Amour, c’est bannir toute crainte
    Tout souvenir des fautes du passé.
    De mes péchés je ne vois nulle empreinte,
    En un instant l’amour a tout brûlé…..
    Flamme divine, ô très douce Fournaise !
    En ton foyer je fixe mon séjour
    C’est en tes feux que je chante à mon aise :
    « Je vis d’Amour !… »

    Vivre d’Amour, c’est garder en soi-même
    Un grand trésor en un vase mortel
    Mon Bien-Aimé, ma faiblesse est extrême
    Ah je suis loin d’être un ange du ciel !…
    Mais si je tombe à chaque heure qui passe
    Me relevant tu viens à mon secours,
    A chaque instant tu me donnes ta grâce
    Je vis d’Amour.

    Vivre d’Amour, c’est naviguer sans cesse
    Semant la paix, la joie dans tous les cœurs
    Pilote Aimé, la Charité me presse
    Car je te vois dans les âmes mes soeurs
    La Charité voilà ma seule étoile
    A sa clarté je vogue sans détour
    J’ai ma devise écrite sur ma voile :
    « Vivre d’Amour. »

    Vivre d’Amour, lorsque Jésus sommeille
    C’est le repos sur les flots orageux
    Oh ! ne crains pas, Seigneur, que je t’éveille
    J’attends en paix le rivage des cieux…
    La Foi bientôt déchirera son voile
    Mon Espérance est de te voir un jour
    La Charité enfle et pousse ma voile
    Je vis d’Amour !…

    Vivre d’Amour, c’est, ô mon Divin Maître
    Te supplier de répandre tes Feux
    En l’âme sainte et sacrée de ton Prêtre
    Qu’il soit plus pur qu’un séraphin des cieux !…
    Ah ! glorifie ton Eglise Immortelle
    A mes soupirs, Jésus ne sois pas sourd
    Moi son enfant, je m’immole pour elle
    Je vis d’Amour.

    Vivre d’Amour, c’est essuyer ta Face
    C’est obtenir des pécheurs le pardon
    O Dieu d’Amour ! qu’ils rentrent dans ta grâce
    Et qu’à jamais ils bénissent ton Nom….
    Jusqu’à mon cœur retentit le blasphème
    Pour l’effacer, je veux chanter toujours :
    "Ton Nom Sacré, je l’adore et je l’Aime
    Je vis d’Amour !…"

    Vivre d’Amour, c’est imiter Marie,
    Baignant de pleurs, de parfums précieux,
    Tes pieds divins, qu’elle baise ravie
    Les essuyant avec ses longs cheveux…
    Puis se levant, elle brise le vase
    Ton Doux Visage elle embaume à son tour.
    Moi, le parfum dont j’embaume ta Face
    C’est mon Amour !…

    « Vivre d’Amour, quelle étrange folie ! »
    Me dit le monde, " Ah ! cessez de chanter,
    Ne perdez pas vos parfums, votre vie,
    Utilement sachez les employer !…"
    T’aimer, Jésus, quelle perte féconde !…
    Tous mes parfums sont à toi sans retour,
    Je veux chanter en sortant de ce monde :
    « Je meurs d’Amour ! »

    Mourir d’Amour, c’est un bien doux martyre
    Et c’est celui que je voudrais souffrir.
    O Chérubins ! accordez votre lyre,
    Car je le sens, mon exil va finir !…
    Flamme d’Amour, consume-moi sans trêve
    Vie d’un instant, ton fardeau m’es bien lourd !
    Divin Jésus, réalise mon rêve :
    Mourir d’Amour !…

    Mourir d’Amour, voilà mon espérance
    Quand je verrai se briser mes liens
    Mon Dieu sera ma Grande Récompense
    Je ne veux point posséder d’autres biens.
    De son Amour je veux être embrasée
    Je veux Le voir, m’unir à Lui toujours
    Voilà mon Ciel… voilà ma destinée :
    Vivre d’Amour !!!…

  • "La ruse suprême du démon, c’est de faire croire qu’il n’existe pas" Sempé

    image003.jpgUne anecdote tout d’abord. J’ai souvenir d’un dessin de Sempé. On voit un superbe appartement parisien où se tient un cocktail, avec beaucoup de monde. A la fenêtre ouverte du balcon, devant la Tour Eiffel, un homme bedonnant entouré de femmes et une coupe de champagne à la main, dit négligemment : « la ruse suprême du démon c’est de faire croire qu’il n’existe pas ».

    Dans notre chemin de Carême de cette année, voici que 5 figures nous sont proposées. Cinq figures bibliques qui vont nous aider chaque dimanche à mieux baliser notre marche vers Pâques. Celle de ce dimanche est directement issue de l’Evangile de ce jour, et plus largement de toute l’Ecriture et de sa tradition d’interprétation. L’adversaire, le démon, le père du mensonge. Pas simple.

    Voici que, au tout début de son ministère public, Jésus part au désert. Comme Israël qui erre dans le désert pendant ces 40 années de lente marche, de purification, et finalement d’adhésion fervente à La Parole que Dieu veut lui donner, voici que Jésus part au désert, jeûnant 40 jours. Vous vous souvenez à quel point la marche dans le désert avait été une épreuve pour Israël : ils ont faim, ils ont soif, ils contestent l’autorité de d’Aaron, puis celle de Moïse, ils adorent un veau d’or, et d’autres choses encore. L’épreuve est à son comble. Elle vient tester  et fortifier la relation du peuple avec son Seigneur. Elle vient étayer l’Alliance et la foi.

    Jésus vient également au désert en grande solidarité avec Israël et finalement avec toute l’humanité. Une humanité aux prises avec sa fragilité et son indigence, avec sa vulnérabilité et ses blessures, aux prises avec ses rêves et ses fantasmes, et finalement avec ses propres démons. Et c’est bien notre expérience quotidienne : celle d’être confrontés à tout cela, sans compter les adversités, l’ambiguïté de nos désirs contradictoire, et finalement un dialogue quelque fois conflictuel en nous.

    La psychologie a sans doute des choses à nous dire sur le labyrinthe de la boîte noire de notre psychisme. La sociologie pourrait nous enseigner sur nos conditionnements sociaux. L’histoire pourrait nous instruire tout aussi bien sur ce qui habite le cœur de l’homme. Mais il n’empêche que résiste en nous une adversité, une légère séduction à un autre que nous même, à un autre que Dieu.

    Un autre. Oui, un autre. Osons en parler. Toute l’Ecriture, et l’Evangile de ce jour en tête, parle de la figure de cet Adversaire. Il est sournois dans le Jardin du Paradis, susurrant à Eve la séduction du fruit de l’arbre de vie ; il est à visage découvert ici devant le Fils de Dieu ; il est engagé dans un combat terrible dans le livre de l’Apocalypse.

    Il nous faut entendre qu’au-delà de nous-mêmes, qu’au-delà du monde dans lequel nous sommes, il y a un adversaire qui fait obstacle à notre relation à Dieu, parce que, selon l’expression du P. Garrigues, il ne s’en prend qu’à ce qui n’en vaut la peine. Dans le désert, il vient fait obstacle à la relation du Fils au Père, lui promettant des milles et des cents si le Fils se détourne du Père. « Si tu te prosternes devant moi, susurre-t-il… ». Ben voyons !

    Il fait obstacle et comment fait-il : il ment. Il est le père du mensonge (Jn 8,44). Il montre beau ce qui est laid. Il montre bien ce qui est mal.  Il montre vrai ce qui est faux. C’est bien ce qui fait qui le petit mensonge devient si facile, si confortable, si désirable. A défaut de changer la réalité, il change les mots. Comment pourrait-il donner les royaumes du, monde qu’il promet au Fils de Dieu ? Père du mensonge. Ne l’oublions pas, alors que le Christ est chemin, vérité et vie.

    Enfin, il griffe et fait chuter. Parce que nous sommes un peu sensibles, séduits par ce qu’il nous suggère, il nous ravit et nous rapte. Il nous fait chuter. St François de Sales dit qu’il suffirait de sentir ces tentations sans y consentir. Plus facile à lire, qu’à faire. Et pourtant qui voulons-nous suivre ? C’est la phrase qui est en exergue de cette messe. St Ignace pose la question aux retraitants de ces exercices spirituels. Prenant l’image militaire, il demande : sous quel étendard veux-tu servir ? Qui est ton Maître. Voici 2 voies : celle de la vie et celle de la mort. Choisis donc la vie ! Choisissons le Christ !

  • Revenez à moi de tout votre cœur, car je suis un Dieu de tendresse

    14823_careme_440x260.jpgLe ton de ce soir est un peu solennel. C’est l’appel du prophète Michée qui a retenti tout à l’heure. C’est que Dieu parle, et il se fait demandeur ; il se fait suppliant, mendiant. Revenez à moi de tout votre cœur. Et il ajoute, revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux. Qui aura envie de se dérober à une telle invitation, à une telle demande ? Voilà qui peut éclairer la liturgie de ce soir.

    A un moment que personne d’entre nous n’aurait choisi, nous voici 40 jours (46 en fait...) avant Pâques. C’est donc le début d’un chemin qui va nous acheminer tous à la nuit de Pâques, cette merveilleuse nuit où nous allons solennellement fêter la victoire du Christ sur la mort et en même temps, la restauration profonde de notre communion avec Dieu. Voilà le terme, voici la cible.

    Entre temps, il faut bien avancer sur ce chemin avec les moyens qui nous sont donnés. La palette est vaste, vous la connaissez suffisamment pour que je n’y revienne pas : le jeûne, la prière, le partage. Le jeûne, parce qu’il faut bien désidolâtrer notre rapport aux biens matériels et en particulier à la nourriture ; la prière, parce qu’il faut bien prendre du temps pour Dieu et avec Lui ; le partage, parce qu’il faut bien que nos mains et nos cœurs s’ouvrent pour vivre au diapason d’autrui, de tout autre.

    Mais ce soir, il s’agit de prendre la route. Et c’est sur ce point que je voudrais insister. Prendre le chemin du Carême pose 3 questions :

    1. Qu’attendons-nous du Carême ? Ou plutôt qu’attendons-nous de ce Carême 2013. Pour certains ce sera le premier vrai Carême. Pour d’autres le deuxième, pour d’autres le 20ième, le 40ième, le 60ième,… Les Carêmes se suivent. On a entendu des homélies, des enseignements. On a un des listes de petits efforts, ou de grandes résolutions. Certaines ont tenu 40 jours, d’autres à peine 4 heures. On a eu de nombreuses initiatives en matière de jeûne, de prière, de partage, et au fond, rien n’a vraiment changé, ni en nous, ni autour de nous.

    En sommes-nous si sûrs ? Pourquoi faudrait-il le voir ? Qu’est-ce qui importe le plus dans ce chemin : qu’il nous fasse avancer dans la communion avec Dieu et nos frères ? Ou que nous nous regardions en plus grande communion avec Dieu et nos frères ? D’où ma première question : qu’attendons-nous de ce Carême 2013 ?

    2. Qu’attendons-nous de ce Carême 2013 ? Vous avez entendu St Paul relayer cette invitation pressante du Seigneur : c’est aujourd’hui le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut. Aujourd’hui. Ste Thérèse de Lisieux disait la même chose à sa manière : « Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit  Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre Je n’ai rien qu’aujourd’hui ! » (poésie 'Rien que pour aujourd'hui'). Rien qu’aujourd’hui. Notre liberté ne porte que sur cet aujourd’hui. Cet aujourd’hui qui nous appartient et qui est dans la main de Dieu. Cet aujourd’hui où je peux désire que quelque chose change, pour me présenter à Pâques avec ces petits moyens qui auront contribué à faire advenir ce désir, avec sa grâce et son aide.

    Qu’attendons-nous de ce Carême 2013 ? La réponse appartient à chacun. Je puis vous dire quelle est l’attente du seigneur : voir des cours libres et adultes se tourner vers Lui, pour une relation personnelle qui gagne en profondeur, en intimité,  en abandon, en coopération. Bref, une vraie relation de cœur à cœur en attendant de le voir face à face. Le voulez-vous ?

    3. Que ferons-nous de ce Carême ? Concrètement, nous allons recevoir les Cendres sur notre front. Avec humilité et aussi avec fierté, nous allons nous dire les uns aux autres que nous désirons nous convertir. Nous pourrons nous ne rappeler mutuellement au long de cette quarantaine. Mais, ce soir, quand nous aurons déjà effacé la marque de ces cendres, demain pour cette 2ème journée de Carême (aïe, encore 39… 45 en fait…), et après-demain… que ferons-nous ? Les 3 piliers que sont le jeûne, la prière et le partage ne sont pas inutiles. Une petite résolution dans chacun nous aidera à être fidèle. Le but visé n’est pas la performance ; non, le but visé est cette lente disposition où nous nous mettons ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu, où nous nous offrons au travail de la grâce en nous. Je ne demande pas à voir les horizons lointains, un seul pas à la fois c’est assez pour moi.

    Convertissez vous et croyez à l’Evangile. L’invitation de celui qui nous impose les cendres est sans maquillage. Aujourd’hui, on ne prend pas de gants. Aujourd’hui, un chemin nouveau s’ouvre. Nous commençons à devenir ce que nous sommes. Et c’est aujourd’hui.