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Mon beau sapin

sapindenoeldecore.jpgLa voici donc la nuit de Noël, celle que nous attendons depuis 4semaines, 4 petites semaines de l’Avent dont la couronne est déjà un souvenir. La voici donc la Dieu où Dieu vient nous sauver en nous donnant ce Fils. La voici celle où il prend notre humanité pour nous communiquer sa divinité.

Pour nous aider dans notre méditation de ce soir, nous avons à la fois beaucoup de choses et pas grand-chose. Je m’explique. Pas grand-chose : parce que la réalité de la Nativité est cachée dans un cours verset de l’Evangile selon saint Luc, celui là même que je viens de chanter il y a un instant. « Elle mit au monde son fils premier né : elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire ». La réalité est là, sobre, mais réelle. Pas d’indication de date. Il y a un lieu : la ville de Bethléem. Pas d’éclair, ni de tremblement de terre, mais tout de même des anges qui déchirent le ciel pour proclamer l’évènement à des bergers qui n’en demandaient pas tant. Et plus tard des mages venus d’Orient pour y repartir.

L’évènement est là dans sa sobriété : il est né de la Vierge Marie. Il prend notre chair. Il vient nous visiter. Du coup, on comprend que les croyants aient eu besoin de développer des traditions qui sont comme des résonances de cet évènement. Nous avons sans doute besoin de nous le repasser sous les yeux, de le commenter, de l’étirer un peu pour le comprendre, et surtout pour lui faire prendre toute sa mesure. C’est que notre imagination a besoin d’être éduquée ; notre mémoire rafraîchie ; notre intelligence alimentée et surtout notre volonté mise en mouvement.

Et la voici, la crèche de St François, lui qui était fasciné par la réalité de l’Incarnation du Christ, par la réalité toute proche et toute simple où Dieu s’abaisse dans les profondeurs d’une existence humaine.

Les voici les tables de nos maisons, toutes parées pour ce jour de fête. La joie de nos familles veut rejoindre celle de la Sainte Famille de Nazareth. Les cadeaux vont nous réjouir comme ceux des mages à l’Enfant, le Roi des Juifs qui vient de naître. Le repas qui nous réunit nous rappellera que le Messie a pris place à nos tables humaines, à Cana, comme à Jérusalem le jour de la Pâque.

Et le voici, le sapin qui trône dans nos séjours ou dans nos salons. Peut-être trouverez vous que cela fait un peu trop païen, un peu trop salissant, un peu too much tout simplement. Permettez que, ce soir, je vous suggère quelques réflexions sur ce sapin.

Un épicéa, un Norman ou un Culman, peut importe. C’est d’abord l’arbre toujours vert, dont la Bible ne cesse de nous parler. L’arbre auquel Dieu n’a pas peur de se comparer : « Je suis, moi, comme un cyprès toujours vert, c’est de moi que procède ton fruit ». A Israël qui était tenté d’aller voir d’autres dieux, d’autres cultes, notamment ceux des arbres sacrés, le Seigneur a l’audace de reprendre l’image, de se montrer comme celui qui ne passe pas, celui qui est éternel. Notre pauvre sapin vient nous le rappeler, à sa manière.

Ensuite, il est illuminé, il resplendit dans nos nuits. Et de fait, nous ne sommes pas faits pour la nuit et les ténèbres. Ce désir de lumière qui nous habite renvoie à un désir métaphysique plus grande : nous sommes faits pour la lumière, et donc pour Dieu. Vous vous souviendrez peut-être que dans la nuit de l’Egypte, un arbre mystérieux a resplendi dans le désert où Moïse gardait les troupeaux. Au milieu de cette nuit de l’esclavage, le buisson ardent avait resplendi et du milieu du feu une voix avait appelé et promis une libération. Là encore, notre pauvre sapin vient nous le rappeler, à sa manière.

Enfin, ce sapin porte de multiples décorations, et parmi elles des boules. Déjà au Moyen age, on avait conscience que ces décorations signifiait bien autre chose. Elles étaient les fruits : des pommes ou des hosties, parce que ce sapin renvoyait à l’arbre de vie du Paradis, celui qui donne des fruits de grâce : des pommes pour l’arbre de la Création. Des hosties pour l’arbre de la Rédemption. Ce fruit que nous allons recevoir dans quelques instants en communiant au seul arbre de vie qu’est le Christ.

Dans quelque mois, au cours d’une autre nuit, nous fêterons celui qui se dresse debout au sortir de la nuit du tombeau. Nous l’accueillerons lui qui se donne comme cet unique fruit de vie qui veut nous vivifier. Nous n’aurons plus l’image, nous aurons la réalité. Nous lâcherons l’ombre pour saisir la proie. Merci à ceux qui nous ont précédés, ils nous ont laissés ces images qui nous aident à toujours plus désirer le Christ.

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