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  • Y a du changement dans l'air

    1125986-1442723.jpgGlanées ici ou là dans les grands quotidiens de ce jour. Y a du changement ! Le problème que cela va dans tous les sens, ainsi :

    - Le rapport Léonetti dit oui à l'insémination post-mortem (Le Figaro du 19 janvier)
    - Aubry renonce au dogme de la retraite à 60 ans (Le Figaro du 19 janvier)
    - Proglio percevra 450.000 euros par an de Veolia
    Contrairement aux annonces faites par le gouvernement lors de sa nomination, le patron d'EDF va cumuler deux salaires. (Libération du 19 janvier)
    - La croissance 2010 revue à la hausse, le déficit à la baisse (Le Figaro du 19 janvier)
    - Aucune ligne TGV supprimée, assure le gouvernement
    Dominique Bussereau a démenti ce mardi matin des informations parues dans «Les Echos». (Libération du 19 janvier)
    - Le prix du jambon-beurre a baissé (Le Figaro du 19 janvier)
    - L'espérance de vie continue à augmenter en France (Le Monde du 19 janvier)

    La liste est à suivre...

  • "Il y avait un mariage à Cana en Galilée"

    NocesdeCana.JPGNous sommes à Cana en Galilée, à environ 10 km de Nazareth sur la route du lac. Il y a un mariage, une fête humaine, la célébration de l'amour humain d'un couple. Il y a Marie. Et il y a Jésus avec ses disciples.

    Cette page d'Evangile a saveur des débuts. Les commencements d'une vie nouvelle pour ce couple. Les prémices d'une vie nouvelle pour les disciples de Jésus. Au seuil de cette vie nouvelle, comme un sacrement, il y a ce miracle de Cana que nous connaissons par cœur. L'eau changée en vin, pour la joie des convives et la surprise des assistants. Premier des signes de Jésus. Signe inaugural du ministère public de Jésus. Voilà donc Jésus : il guérira les sourds, les muets, les aveugles et les estropiés de toutes sortes, il chassera les démons, il pardonnera les péchés, il ressuscitera les morts. Mais voilà ce premier miracle, modeste en apparence, mais d'une portée qu'il nous faut redécouvrir.

    Tout d'abord l'invitation. Jésus est invité et ne n'invite pas. Comme dans le livre de l'Apocalypse, il ne force pas la porte. « Voici que je me tiens à la porte et je frappe, si tu m'ouvre ton cœur, je ferai chez toi ma demeure, et je prendrai chez toi mon repas » (Ap 3,16). Il frappe à la porte de notre être, sollicitant notre réponse, c'est-à-dire notre liberté. Te rendras tu de lui ouvrir, de répondre à sa présence, bref de l'inviter. Mais il est invité à une fête humaine. Invité à partager la joie profonde de ce couple et de cette famille. Invité à la table commune, invité à cette profonde familiarité. Voilà qui pourrait nous suffire pour la portée de ce miracle.

    Il aurait pu se contenter de partager à notre table nos joies humaines, mais il a voulu combler leur indigence. L'indigence profonde à laquelle il va remédier. Ils manquent de vin. Ils n'ont pas de vin dit Marie, et peut-être n'en ont-ils jamais eu. Il leur manque profondément cette joie, ce bonheur, ce salut auquel ils aspirent et qu'ils ne peuvent se donner à eux-mêmes. Le Christ seul peut leur donner, pardon nous donner, cette ivresse profonde, signe du salut que Dieu veut pour nous. Encore faut-il que nous connaissions et reconnaissions devant lui notre indigence, nos manques les plus profonds et précis. Nous donner ce dont nous manquons radicalement, voilà qui nous aurait suffit.

    Il aurait pu se contenter de donner ce vin, mais il a voulu le faire en changeant l'eau apportée par les serviteurs. Il réalise ce miracle à partir de ce que nous apportons, comme les cinq pains et les deux poissons apportés par le petit garçon lors de la multiplication des pains. Le miracle suppose une collaboration humaine, des serviteurs quelconques que nous sommes. Il ne fait rien sans nous. Il ne nous donne pas ce vin de sa charité toute divine sans que nous-mêmes n'apportions l'eau de nos pauvres désirs, de nos amours humains. Il ne vient pas nous sauver de notre humanité, mais il vient nous sauver dans notre humanité. La goutte d'eau que je verserai tout à l'heure dans le calice de vin en est comme le signe muet. Et c'est là le miracle profond : il nous divinise. Les pères orientaux sont comme éblouis, fascinés par cette réalité, là où les théologiens occidentaux y verront le rachat des nos fautes. Divinisés par le feu qui nous associe à lui. Divinisés par une grâce qui vient nous associer à elle. Et c'est vrai, c'est réel, sans quoi il faut partir en courrant. Changer notre eau en vin, voilà qui aurait pu nous suffire.

    Mais il l'a fait dans un mariage. Le premier des signes de Jésus a lieu pendant un mariage, pendant des noces humaines. Comme le prophète Isaïe et d'autres prophètes en parlent, Dieu veut des Noces pour son peuple : les noces de la joie, les Noces où il s'unit à l'humanité pour sa joie et pour Sa gloire. Dieu est l'Ami des hommes. Il est le Bien Aimé qui veut combler Sa bien-aimée. Dans ce repas des Noces, l'eau est changée en vin en est la préfiguration, en attendant les Noces où il sera lui-même la nourriture de ce repas. Déjà le vin rouge de Cana annonce le sang versé à la Croix, ce sang qui nous sauve, nous lave et nous purifie.

    Déjà nous participons à ces Noces de l'Agneau, chaque dimanche, chaque jour même. Ici, dans cette Eucharistie, nous sommes à Cana. Ici, aujourd'hui même, nous l'invitons à notre table et il consent à être familier avec nous. Ici il comble notre indigence la plus profonde. Ici, il change l'eau de notre amour en vin de sa charité. Ici, il se révèle comme l'Epoux des Noces éternelles en appelant chacun : Celui qui a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive ! Avez-vous soif de lui ? Accepterez-vous d'être à ce point associés à lui ? Tout est prêt : venez aux Noces !

     

  • Pie XII : et si Marianne se trompait ?

    900353-1066422.jpg?v=1263212815L'article est bel et bien tiré du site de l'hebdomadaire Marianne.

    Notre une du samedi 02 janvier « le pape qui garda le silence face à Hitler », qui traitait de la possible béatification de Pie XII, a fait réagir. Y compris parmi nos chroniqueurs réguliers. Parmi eux, Roland Hureaux estime que, face à la Shoah, Pie XII a agi en homme responsable plutôt qu'en donneur de leçons.

    Selon une thèse devenue désormais classique, Max Weber distingue l’éthique  de la responsabilité et l’éthique de  la  conviction. L’homme de conviction est  soucieux de témoigner de ce qu’il croit juste, même si cela le prive de moyens d’action , voire a des effets pratiques négatifs. L’homme de responsabilité s’efforce de calculer dans chaque circonstance  les effets positifs et négatifs de ce qu’il dit et fait et mesure ses  propos en fonction de cela.

    Devant  ce dilemme, il est évident que, depuis toujours, les chefs de l’Eglise catholique se situent du côté de l’éthique de la  responsabilité. Parce que, contrairement à ce que pourraient laisser penser certains, les bons chrétiens ne sont pas des adolescents attardés, et parce que l’Eglise catholique a des responsabilités effectives : entre 1939 et 1945, celle de millions de catholiques mais aussi de centaines de milliers de juifs réfugiés dans les institutions (1) !  

    Il y a une immaturité inouïe à imaginer que le pape aurait pu prendre la parole à tort et à travers sans se préoccuper d’abord de cette responsabilité. C’est toute la différence avec un Bernard -Henri  Levy ou d’autres  intellectuels médiatiques qui peuvent, à Sarajevo ou à Tbilissi, faire des proclamations destinées à passer dans l’histoire (y passeront-elles ? c’est une autre affaire) sans se préoccuper de leurs effets.

    C’est aussi plus largement la différence entre la morale classique, issue d’Aristote et des stoïciens, fondée sur  l’objectivité et une morale existentialiste  fondée sur la subjectivité, où le bien consiste à rechercher en chaque circonstance la posture « moralement correcte », à sculpter, de pose en pose, la statue sublime de quelqu’un qui aura toujours été du bon côté.

    Le Pape n'est pas un prophète
    Il est vrai que la tradition de l’Eglise assigne aussi aux papes et aux évêques une fonction «prophétique».  Mais les prophètes de la Bible se situaient en dehors des institutions et n’avaient aucune responsabilité; ils pouvaient de ce fait, sans autre risque que pour eux-mêmes, invectiver les pouvoirs en place. Il est évident que ce n’est pas la  position d’un pape ou d’un évêque qui est d’abord un « pasteur », c’est-à-dire,  selon la même Bible, l’homme qui garde le troupeau contre les loups.

    Ces évidences posées, il est clair que ce qu’il convient de faire dans le cadre de l’éthique de la responsabilité est affaire de circonstances. Rien ne permet de dire que, par rapport à telle situation, le pape aurait pu, en étant moins « prudent », améliorer la balance bien/mal. Il faut une présomption singulière à ceux qui n’ont  pas vécu les mêmes événements, ni jamais exercé des responsabilités analogues,  pour porter des jugements péremptoires à ce sujet.

    Dans cette logique, il est aussi choquant d’entendre certains catholiques dire que le procès en béatification est une question interne à l’Eglise, une affaire de sacristie en quelque sorte, qui ne concernerait que les vertus privées du pape, sans considération de son rôle historique. Nul doute que si l’ «avocat du diable » (une fonction officielle dans la procédure en cours !)  arrive à prouver que dans telle ou telle circonstance le comportement du pape   a eu des effets négatifs sur les juifs ou sur d’autres, il ne saurait être canonisé.

    Comme le dit Serge Klarsfeld (2), une prise de parole solennelle lors de la rafle des juifs de Rome aurait   « sûrement amélioré la propre réputation de Pie XII aujourd’hui. » Mais quel criminel aurait-il été s’il avait, pour forger son image devant l’histoire ou même préserver l’honneur de l’institution, sacrifié la vie ne serait-ce que d’un des milliers d’enfants  juifs réfugiés  dans les jardins de Castel Gondolfo et de multiples couvents !

    Une prise de parole utile ?
    Il faut une singulière méconnaissance de ce qu’avait été le régime nazi pour imaginer que ce genre de proclamations aurait pu l’émouvoir. L’exemple souvent cité de la protestation forte des évêques hollandais face  la déportation des juifs  qui a attiré des représailles non seulement sur les catholiques mais surtout sur les juifs qu’ils protégeaient, est éloquent par lui-même.

    On dit qu’une parole plus nette du pape aurait au moins pu faire entrer les catholiques dans la résistance. Tiens donc ! Les officiers catholiques allemands auraient compris que leur devoir était d’assassiner Hitler. Pie XII n’ayant rien dit, ils n’y ont pas pensé !

    Comment peut-on dire aussi que le pape n’a rien dit contre le nazisme alors qu’il avait été le sherpa qui rédigea de bout en bout l’encyclique  Mit brennender sorge  (1937).

    Il fut, dit-on, obsédé par l’anticommunisme. Parole légère s’il en est ! Oublie-t-on qu’entre août 1939 et juin 1941, Hitler et Staline  sont alliés, un plan d’extermination des prêtres et des élites polonaises est à l’œuvre et des centaines de milliers de catholiques  polonais  assassinés. Pas de protestation mémorable non plus. Pourquoi ? Je ne sais.  

    On reproche assez à l’Eglise ses interdits, ses censures, ses condamnations souvent bruyantes et si impopulaires mais elles ne visent généralement que les siens avec le but et donc l’espoir de les réformer.

    Rien de tel en la circonstance ; comme tous les papes, Pie XII croyait au diable et, de propos privés qu’il a tenus, il semble qu’il ait considéré Hitler comme un possédé. Nonce en Allemagne sous la République de Weimar (3), il ne se faisait en tous cas aucune illusion sur le personnage et savait mieux que quiconque l’abîme du mal auquel l’Europe était alors confrontée. Il savait que, face  à la « Bête immonde », rien ne sert  de chercher à l’attendrir, il faut en priorité limiter les dégâts en n’attisant pas sa fureur.
    Rien à voir dans cette attitude avec le pétainisme un peu ballot des évêques français. Le célèbre regard  immobile de Pie XII derrière ses lunettes rondes n’est pas celui d’un couard paralysé par la trouille, mais celui d’un homme totalement lucide sur l’ampleur de la catastrophe et pénétré de son immense   responsabilité.

    De fait, le vrai mystère de Pie XII n’est pas tant son comportement pendant la guerre que la lecture qui en est faite soixante  ans après. Comment ce pape qui fit de son vivant l’objet d’éloges unanimes du monde juif  (Ben Gourion, Golda Meir, Albert Einstein, Léo Kubowitski, secrétaire du Congrès juif mondial, le gand rabbin de Rome etc) et non juif, peut être aujourd’hui ainsi vilipendé ?

    Le basculement s’est fait avec la pièce « Le Vicaire » (1963), œuvre littéraire et non  historique due à un personnage douteux, proche des milieux négationnistes. Il coïncide surtout avec l’émergence de la génération d’après-guerre dont l’irresponsabilité en tant de domaines avait besoin d’un paravent idéologique : identifier, dans la ligne de l’Ecole de Francfort et au rebours du vécu des contemporains, nazisme et tradition en fut une des clefs de voûte.

    Mais quelque archéologie qu’on en fasse (au sens de Michel Foucault), la lecture rétrospective  du comportement de Pie XII n’en demeure pas moins un  mystère. « Bienheureux êtes vous si l’on vous insulte, si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi ». (Mt 5, 11). Ceux qui font de Pie XII un « bienheureux » ne sont peut-être pas ceux que l’on croit.

    1) Est-il nécessaire de dire que ces centaines de milliers de Juifs cachés dans les institutions catholiques ne l’étaient pas à l’insu du pape ou malgré lui ?  
    2) Le Point, 24/12/2009
    3) C’est à cette époque qu’il fut photographié à la sortie d’une réception, des militaires allemands lui rendant les honneurs. Comme ils portent déjà l’uniforme des soldats nazis, l’usage pas toujours innocent de cette photo  prête à confusion.