Le monde invisible se rappelle à nous en ce jour. Créé par Dieu, voulu proche de nous, le monde invisible accueille ceux que le Seigneur a voulu nous donner comme compagnons de route. Sans les voir, ni les toucher, nous croyons à leur présence toute spirituelle. Trois d'entre eux rendent suffisamment visible l'oeuvre de Dieu pour ouvrir une porte à nos sens avides de signes sensibles.
Parmi eux, Raphaël a une place plus discrète. Pas de grand combat eschatologique, à la différence de Michel. Pas de grande nouvelle du salut à annoncer, à la différence de Gabriel. Pourtant, ni plus, mais ni moins, il apporte un salut sous le mode d'une guérison dont le jeune Tobie va être le ministre. "Dieu guérit" dit l'étymologique hébraïque du nom de l'archange. Il faudrait ajouter "en brûlant", comme les Séraphins. Témoin de la présence brûlante et consolante de Dieu, l'archange donne une guérison que personne n'attendait plus. Ni le vieux Tobie dans la prison de sa cécité, ni la jeune Sarah dans les tourments de sa malédiction n'attendait plus cette heureuse délivrance. Malgré leur supplication insistante, malgré leurs pleurs et leurs détresse, le salut vient à l'improviste. L'invisible affleure pour que le monde visible retrouve sa splendeur.
Quel est ton tourment ? semble demander l'archange. Il n'en est aucun que sa médiation ne puisse ni porter devant Dieu, ni t'apporter une guérison.
Quel est ton tourment ?
Point de voyage vers les sources
Que les anges déjà n'escortent ;
Point de combat contre les ombres
Qu'ils n'appuient, en prêtant main forte.
Aucune veille dans la nuit
Qu'ils n'entourent de leur silence,
Et point de course vers l'aurore
Qu'ils ne tracent et ne devancent.
Point de prière ni de cri
Qu'ils n'élèvent devant le Père ;
Même la mort la plus obscure,
Ils l'orientent vers la lumière.
Anges de Dieu, ses messagers,
Qui veillez au seuil de son temple,
Tournez vers Lui notre louange,
Quand de loin nos yeux Le contemplent.