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  • Nous sommes venus nous prosterner devant Lui

    rois-mages.jpgLes voici donc, ces hommes venus de loin pour se prosterner devant le Roi qui vient de naître. Quand je dis qu’ils viennent de loin, c’est un euphémisme. Ils viennent de loin physiquement, du pays du soleil levant. Ils viennent de loin si l’on en croit les cadeaux qu’ils font, l’or, la myrrhe, l’encens. Ils viennent de loin religieusement, des mages, des sages dans leur propre culture, scrutant les astres. Ils viennent de loin par rapport à la Révélation faite par Dieu au peuple hébreu. Bref, eux qui étaient loin, sont venus, ils sont devenus proches, au point de s’approcher du Messie qui vient de naître, de se prosterner devant lui.

    Il faut d’abord mesurer à quel point ces hommes sont étrangers à la Révélation faite à un petit peuple du Proche Orient ancien. Etrangers et non ignares, non sans avoir cultivé une sagesse humaine et religieuse qui a mis leur être et leur intelligence en mouvement, disponibles à un signe : une lumière s’est levée, elle annonce un grand roi qui vient de naître.

    Ces mages pourraient déjà nous aider sur un point : que monte en nos cœurs un certain étonnement et un certain émerveillement. Etonnement parce qu’un évènement nouveau est advenu. Emerveillement parce que cet évènement a la capacité de faire franchir des espaces et des distances immenses, de mettre en route, bref de faire sortir de nous-mêmes. Le bon roi Hérode, lui, fut incapable de cet étonnement et de cet émerveillement. Lui qui est proche de la révélation, saura se la faire confirmer par les scribes. « Pris d’inquiétude », Hérode a perdu cette capacité d’étonnement et d’émerveillement. Inquiet, troublé, il ira jusqu’à annoncer qu’il ira se prosterner. Mais le lecteur sait bien qu’il ment.

    Il nous faut retrouver cette capacité à l’étonnement devant l’évènement de la venue du Fils de Dieu parmi nous. Etonnement, parce qu’advient ce qui a été promis. Emerveillement parce qu’il nous communique la vie que nous ne pouvions nous donner. Admirable échange ! dit un texte de la liturgie. Nous l’avons chanté dans la nuit de Noël.

    Curieusement, voici que des hommes venant de loin nous entraîne par les questions simples qu’ils posent : où est le Roi des juifs qui vient de naître. Le prophète Zacharie l’annonçait déjà : « En ces jours là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif par le pan de son vêtement en disant : ‘nous voulons aller avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous’ ». La révélation faite par Dieu à Israël déborde, à un point tel que ceux du dehors entraînent ceux du dedans. Quelle leçon spirituelle !

    Nous sommes souvent en train de nous demander, de façon inquiète et impuissante ce que nous pourrions apporter à ceux du dehors, aux autres cultures. Alors qu’il s’agit d’être disponibles, étonnés, émerveillés au mouvement dans lequel ils nous entraînent : venir nous prosterner devant le Prince de la Paix, le petit Roi de Bethléem.

    Deux critères pour notre discernement, pour nous assurer que nous sommes dans le mouvement qui vient de Dieu et qui va vers Lui, sans quoi nous risquerions d’être des naïfs incorrigibles, ou des girouettes qui varient en fonction du vent :

    1. L’étoile les mène à Jerusalem, à l’Ecriture et à ceux qui l’interprètent. Ce critère est de taille. L’appel de Dieu, le vent de l’Esprit dont on ne sait ni d’où il vient, ni où il va, est en cohérence avec l’Ecriture, avec sa Parole, lue, reçue, interprétée.

    2. A Bethléem, ils retrouvent l’étoile. La continuité dans les signes. Le même est annoncé. Le même est contemplé. C’est la même lumière intérieure, déposée dans les cœurs, qui fait reconnaître la lumière  invisible émanant de cet Enfant. La lumière de la foi nous fait dire : c’est Lui le Messie. « Venez, courbons-nous, prosternons nous ; à genoux devant le Dieu qui nous a faits », chante le psaume 94.

    « Nous sommes venus nous prosterner devant Lui » disent les mages en ce jour. Peu importe l’état de nos genoux ! Comme les bergers, ils nous entraînent à leur suite : « Allons jusqu’à Bethléem voir ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître ». Nous avons joué de la flûte et vous avez dansé avec nous. Laissons là toute inquiétude, toute réserve, tout obstacle de l’intelligence. Allons à la crèche pour reconnaître notre Sauveur, pour nous prosterner devant Celui qui seul est digne de ce geste. Avec les mages, venez, adorons-le !

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