Ce 1er dimanche de Carême, nous suivons Jésus au désert. Il éprouve notre condition humaine, la soif, la faim, les tentations, le Satan. Nous le voyons vainqueur, restaurant en sa condition humaine l’alliance de Dieu. Et le tableau final de cet évangile en présente un tableau paradisiaque ou messianique : il en en paix avec les bêtes sauvages, les anges sont sa compagnie. En lui, l’Alliance est pleinement restaurée.
C’est beau d’entendre ce récit au seuil de notre chemin de notre Carême. Nous avons entendu mercredi dernier cet appel déchirant de Dieu dans la bouche de son prophète Malachie : « Revenez à moi de tout votre cœur, car je suis un Dieu de tendresse ». Ce Carême est donc un chemin de retour au Seigneur, c’est bien cela qu’on appelle la conversion. Et le Christ nous interpelle à nouveau aujourd’hui : « Convertissez-vous ! Croyez en l’Evangile ! ». C’est ce que nous avons entendu lorsque le prêtre nous imposait les Cendres sur le front.
Se convertir, c’est rentrer à nouveau dans cette Alliance que Dieu a scellé avec toute l’humanité, en son Fils. Les 1ères lectures de ce Carême feront défiler dimanche après dimanche les grandes figures de la pédagogie de cette alliance dans l’Ancien Testament, l’Ancienne Alliance : aujourd’hui Noé, puis Abraham, puis Moïse, puis les prophètes qui dénoncent l’infidélité à l’Alliance, puis la promesse d’une Alliance nouvelle avec Jérémie.
A force d’entendre ce mot, peut-être que nous ne le goûtons plus assez. Pourtant nous l’entendu de mille manières : l’alliance de 2 pays pour faire la guerre ou la pays, l’alliance commerciale de 2 entreprises, l’alliance de 2 famille. La Bible connaît cette réalité qui est d’abord juridique, entre des tribus, des frères, des amis, un vassal et un suzerain qui va le protéger. L’alliance crée des droits et des devoirs, même s’il faut quelque fois bien lire les petits caractères à la fin du contrat. Elle reste soumise à un libre accord, au libre consentement de chacun.
En parlant de l’alliance de cette manière, me revient le fait que vous qui êtes mariés portez au doigt ce beau bijou que vous vous êtes justement échangés au jour de votre mariage. Dans l’échange libre des consentements, vous vous êtes justement dit : « je te reçois comme époux/épouse, et je me donne à toi pour t’aimer dans le bonheur et dans les épreuves tout au long de notre vie ». Puis le prêtre a béni vos alliances. Et vous avez reçu la vôtre de votre conjoint qui vous a dit : « reçois cette alliance, signe de mon amour et de ma fidélité ».
Tout comme votre mariage, l’Alliance de Dieu n’est pas un contrat, mais c’est plutôt une donation réciproque qui est scellée. Quand Dieu donne, il ne reprend pas. « Les dons de Dieu sont sans repentance » dira St Paul. Son Alliance est pleine de son amour et de sa fidélité. Et il faut l’entendre au début de ce Carême.
Par amour, dans une bienveillance et une miséricorde qui déborde de son cœur, il a voulu entrer en relation avec l’humanité qu’il a créée et qu’il veut sauver. Son cœur de Père est puissamment saisi de compassion par cette humanité blessée, à demi-morte au bord du chemin. Par amour, il agit et intervient. Il le fera de façon de plus en plus singulière pour que ce salut s’enracine dans le cœur humain, dans tout l’homme et dans tout homme.
Cet amour est fidèle et comment pourrait-il en être autrement. En Dieu, pas de changement. Ce qu’il veut il le fait toujours. Inlassablement, il va à la recherche de l’humanité, parce qu’il ne peut se résoudre à cette rupture d’alliance que l’humanité a provoquée.
Dans ce carême, il s’agira pour nous d’éprouver notre infidélité à l’égard de Dieu, des autres et de nous-mêmes. Et finalement d’éprouver nos manques profonds d’amour. Nous n’aurons pas trop de tous ces signes de l’Alliance qui nous sont donnés pour nous rappeler l’amour et la fidélité de Dieu. C’est bien ce que l’alliance à vos annulaires vous rappelle jour et nuit.
Aujourd’hui, l’arc en ciel nous rappelle l’alliance avec Noé. Un autre dimanche, le signe sera celui de la circoncision donnée à Abraham ou de la Loi donnée à Moïse. Tous ces signes nous préparent et nous renvoient au signe de l’Alliance nouvelle et éternelle que nous célébrons chaque dimanche : ce Corps et ce Sang offerts, livrés et donnés pour nous. Jésus s’est donné par amour et par fidélité pour nous.
L’Alliance que Dieu veut pour notre joie et notre bonheur est là devant nous à portée de main. Ne le privons pas de la joie d’y répondre, d’y entrer avec fidélité et amour.