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Into the wild

into-the-wild-sur-cherie-25-decouvrez-les-dessous-du-mythe-selon-la-soeur-du-heros-1.jpg?ver=1Peut-être que comme moi, vous êtes amateurs de cinéma. En 2007 était sorti un film américo-canadien Into the wild. L’histoire vraie de ce film est simple : un jeune étudiant bardé de diplôme plaque tout, sa famille, sa petite amie, sa formation, le monde du consumérisme et de la performance, pour fuit au cœur de la nature, into the wild. Il fuit le monde habité pour rejoindre ce désert vert et blanc de l’Alaska. Mais la fuite le ramène à un désert intérieur qui va devenir une prison, le désert de la solitude, un désert qui va s’avérer être le lieu tragique de sa perte. Avant de mourir, une citation de Tolstoï est inscrite sur son carnet qu’on retrouvera ensuite : « le bonheur n’est réel que s’il est partagé »

 

Nous sommes à l’opposé de la page d’Evangile de ce 1er dimanche de Carême. Certes, Jésus part au désert mais il y est poussé par l’Esprit et non par la fuite du monde. Le désert, c’est-à-dire les lieux non habités, est dans la Bible ce lieu où beaucoup viendront y faire 2 expériences assez différentes. D’un côté, c’est le lieu positif de la solitude, du retrait, de l’intimité, du cœur à cœur dans la rencontre avec le Dieu trois fois saint. C’est l’expérience de Moïse ou d’Elie à Horeb. C’est l’expérience de Jean Baptiste ou de Paul en Arabie. C’est l’expérience des ermites, des moines du désert.

De l’autre côté, le désert est le lieu de la confrontation, d’un combat, de l’épreuve avec soi-même, avec ses propres contradictions, avec ses propres démons, et ultimement de la confrontation avec le démon lui-même comme nous le découvrons dans cet Evangile. 

Si l’on veut entrer dans le désert, comme nous le faisons au seuil de ce Carême, de cette sainte quarantaine qu’a vécu Jésus lui-même, alors il nous faut accepter d’y vivre les 2 aspects de ce désert, de cette solitude éprouvée. Jésus lui-même l’a éprouvée, en solidarité avec tout l’humanité, en ouvrant le chemin de ce retrait qui permet à chacun de nous d’y retrouver une relation, une intimité avec le Dieu vivant. De ce point de vue, il récapitule en lui l’expérience du peuple d’Israël, qui avait traversé la mer Rouge pour être libérer de l’esclavage en Israël et qui avait du affronté ses propres démons intérieurs à travers l’épreuve du désert. La faim, la soif, les murmures, les révoltes, l’idolâtrie ont été autant de tentations contre Dieu que de désert aura mis à jour.

Ici, les 3 tentations de Jésus sont presque génériques, tellement elles sont grossières. La tentation de l’immédiateté, qui traverse les siècles pour nous rejoindre : tout tout de suite. La tentation de l’illusion et du mensonge. La tentation du pouvoir et des abus de toute sorte, tels que nous les découvrons dans beaucoup de domaines de l’Eglise et de la société.

Mais si vous le voulez bien, je vois une 4ème tentation qui pointe derrière l’ensemble de cette page d’Evangile, celle d’une solitude qui ne veut pas être habitée. Je m’explique. Le désert de notre Carême passe par différents chemins : le silence, la prière, le jeûne, le partage. Ceux-ci créent et creusent en nous un vide, un manque, un creux. C’est une réalité. Le jeûne crée un manque, une faim. C’est un fait. Le silence creuse un manque de parole extérieure et même intérieure. Le désert crée un manque de relation.

Ces vides sont une épreuve réelle, tellement nous sommes habitués à être emplis, à être saturés, et ce d’autant dans notre société hyper saturés, hyper abondante. Ces vides sont une épreuve parce qu’il s’agit de se décentrer, de se déposséder, et ultimement de consentir à ce qu’ils soient habités par un autre, par la parole et la présence du Maître de nos vies. 

Le bruit et l’agitation lui font concurrence. Mais également nos peurs lui font concurrence : la peur du vide et du manque ; la peur d’être habité par un autre que nous-mêmes. « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien » chante le psaume 22, vous vous souvenez ?

Dieu veut habiter nos déserts, à condition que nous ne nous y dérobions pas, et que nous ne nous dérobions pas à sa présence. Dieu veut habiter notre Carême. Il attend que se creuse en nous une faim que lui seul étanchera, parce que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu ». Laissons là nos peurs. Acceptons simplement et joyeusement que notre solitude si éprouvante soit le lieu de sa présence. Alors nous découvrons que le « bonheur n’est réel que s’il est partagé ». Bon Carême

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