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Qui seras-tu dans cette Semaine Sainte ?

Rameaux.jpgUn hymne de la fête de ce jour dit : « Voici que s'ouvrent pour le Roi les portes de la Ville : Hosanna ! Béni sois-tu, Seigneur ! Pourquoi fermerez-vous sur moi  la pierre du tombeau, dans le jardin ? »

La fête de ce jour est déconcertante si l’on y regarde bien. Les portes s’ouvrent pour le Roi et finalement le tombeau se ferme sur le Crucifié. Au début nous avons chanté avec les foules en liesse : Vive le Roi ! Hosanna au Fils de David. Et finalement nous avons entendu les foules, peut-être mêmes que sont les mêmes, crier : A mort, crucifie le !

Même le Rouge dominant de ce jour est bien ambigu : le rouge triomphant du Roi, le rouge écarlate du crucifié. Même nos palmes posent question : acclament-elle le Messie triomphant ou sont elles l’instrument de la flagellation du Messie souffrant ? Et c’est bien avec ces deux figures qu’il nous faut entrer dans la semaine sainte, celle de l’onction à Béthanie, celle du dernier repas, celle de Gethsémani, du Golgotha et du jardin du tombeau.

Le Christ triomphant qui entre à Jérusalem voit sans doute la gloire à portée de mains. Les disciples joyeux entrevoient déjà l’avènement du Messie tant attendu. Ils seront les premiers dans le Royaume des Cieux, eux qui l’ont suivi et qui participent à cet instant à sa victoire. Mais Jésus ne veut ni de cette gloire, ni de cette victoire. L’entrée à Jérusalem n’est que le prélude éphémère à la victoire de la Croix. Pour nous faire entrer dans le royaume de Dieu, il faut que le Christ se fasse serviteur jusqu’au bout. Pour nous introduire dans la gloire du Père, il faut que le Messie se fasse non seulement pauvre, mais qu’il s’abaisse dans cette semaine sainte, qu’il s’abaisse jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Nous venons d’entendre que peu le suivent sur ce chemin. Quelques femmes, quelques hommes. Qui serons-nous dans cette semaine ? Joindrons-nous nos voix à la foule ambiguë qui l’acclament en ce jour ? Nous faufilerons nous dans le petit cercle des disciples qui célèbrent en secret la Pâque et son dernier repas ? Oserons-nous porter la croix comme Simon de Cyrène ? Joindrons-nous notre prière à celle du bon larron ? Comme Nicodème ou Joseph d’Arimathie ou ces femmes témoignerons-nous d’un peu de tendresse au corps crucifié descendu de la Croix ? Ou serons-nous des spectateurs, des badauds de plus ?

Cette fête nous déconcerte, parce qu’elle ouvre une semaine qui nous déconcerte. Mieux, elle va nous altérer, nous changer, en fait elle va nous sauver.

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