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  • Distinguer célibat et pédophilie, par Stéphane Joulain

    Stéphane Joulain est prêtre, thérapeute familial et psychanalyste. Il a publié cet article dans Le Monde du 13 mars 2010.

     

    Je viens de lire la énième attaque contre le célibat consacré dans l'Eglise catholique, fondée sur un pseudo-rapport qui pourrait exister entre celui-ci et la pédophilie. Il est vrai que le célibat consacré questionne et cela est bon, mais il est aussi faux qu'il existe un lien de causalité entre les deux. Hans Küng ne comprend malheureusement pas grand-chose au fonctionnement de cette grave pathologie de l'objectivation sexuelle (Le Monde du 5 mars).

    Supprimer ou pas le célibat consacré ne fera pas disparaître les pédophiles de l'Eglise catholique, ce qui le fera, c'est une amélioration des conditions de discernement d'accès aux ministères. Si Hans Küng se renseignait, il apprendrait que 96 % des affaires d'abus sexuels et de maltraitance sur mineurs sont des affaires qui ont eu lieu dans le cercle familial de l'enfant. En poussant un peu le raisonnement de M. Küng, pourquoi ne pas interdire la vie de famille, puisqu'elle est après tout le lieu le plus dangereux pour les enfants.

    En ce qui concerne la possibilité d'un clergé marié au sein de l'Eglise, cela existe déjà dans les Eglises catholiques de rites orientaux, et il n'y aurait pas de difficultés, ni dogmatiques ni bibliques, pour que cela existe dans l'Eglise catholique romaine. En cela, M. Küng ravive un vrai débat dans l'Eglise. Cette question est d'autant plus vraie que de nombreux prêtres ont des aventures "extraconjugales" plus ou moins fréquentes avec des femmes ou bien des hommes.

    Donc, c'est un fait, le célibat consacré est difficile à vivre, tous comme l'est le couple aujourd'hui. Faut-il encore l'imposer comme seul modèle d'état de vie pour les clercs ? Je ne le pense pas. La pluralité des états de vie serait certainement une grande richesse pour l'Eglise. Les deux modèles de clergé ont survécu pendant des siècles dans l'Eglise orthodoxe.

    Par contre, là ou je ne suis pas d'accord avec de M. Küng, c'est dans le lien qu'il induit entre la pédophilie de certains prêtres et le célibat consacré. Travaillant ces questions depuis déjà plus de quinze ans, je n'ai jamais rencontré dans la littérature scientifique (la sérieuse) de quoi alimenter sa thèse. Par contre, ce que l'on peut trouver, ce sont les éléments suivants :

    1. Les pédophiles trouvaient dans le célibat consacré un "statut social" acceptable, qui leur permettait d'avoir une identité sociale non liée à un statut marital. N'ayant pas à se confronter à une sexualité adulte dite "ordinaire", cela était donc très appréciable pour un pédophile (j'emploie le passé, car je pense que depuis quelques années ce n'est plus si confortable pour les pédophiles).

    2. Du fait que les prêtres sont des éducateurs de la foi, ils sont proches d'un public jeune, cela est donc naturellement un lieu que vont investir des personnalités pédophiles, tout comme le sont l'éducation nationale, les centres aérés, les camps de jeunes, le scoutisme, les services sociaux, voire même la magistrature chargée de la protection des mineurs, ou bien encore la médecine (un pédiatre aux Etats-Unis vient d'être arrêté pour plus de 100 viols sur mineurs et 420 faits d'attouchement).

    3. L'autorité liée à l'exercice des ordres permet à des pédophiles d'être très à l'aise avec la toute-puissance qui les habite et convient aussi très bien à leur difficulté à intégrer la loi comme cadre et interdit ; cela entretient chez les pédophiles le sentiment de l'immunité. En cela, la prêtrise est très proche d'une autre institution, le corps diplomatique, qui lui aussi compte de nombreuses affaires de pédophilie (trop souvent couvertes par les Etats ; il faut saluer les efforts fournis par les Nations unies qui ont commencé un travail de purge chez leurs fonctionnaires et dans les troupes de "la paix").

    4. Ce qu'apprend le travail de terrain, ce que semble ignorer M. Küng, c'est que la pédophilie, les maltraitances et les abus sexuels sur mineurs touchent toutes les couches sociales, toutes les cultures à toutes les époques, et que l'Eglise dans ce domaine n'est pas "hors du monde".

    5. Par contre, il pourrait exister un lien entre l'éphèbophilie et l'hébéphilie (préférence sexuelle pour les adolescents en phase pubertaire) de certains prêtres et une immaturité affective assez massive dans le clergé. Plusieurs études faites aux Etats-Unis ont montré que près de 60 % du clergé américain était considéré comme sexuellement immature.

    Le fait d'avoir été élevé dans des petits séminaires, c'est-à-dire hors de toute confrontation à l'altérité sexuelle, n'a pas contribué à un développement pleinement satisfaisant de l'affectivité de nombreux prêtres qui ont abusé de mineurs de 12 ans à 17 ans. Ceux qui ont abusé de jeunes dans les années 1960, 1970 et 1980 (période massive des abus dans l'Eglise) sont des prêtres qui sont passés par les petits séminaires et qui n'ont pas connu d'autres formes de sexualité que la masturbation, exercice uniquement narcissique.

    Un certain nombre de prêtres ont donc arrêté de développer leur sexualité à la période adolescente, et restent coincés à ce stade. En cela, le concile Vatican II a eu raison d'abolir les petits séminaires. Attention, tous les prêtres qui sont passés par les petits séminaires ne sont pas des abuseurs et ne sont pas forcément immatures.

    Après ces quelques points, il est important de rappeler la nécessité de désolidariser ces deux questions, l'une, la pédophilie, qui relève de la lutte contre un crime très grave et de la mise en place de structures efficaces de discernement pour faire de l'Eglise un lieu sécurisé pour les mineurs. La deuxième, le célibat, est la question d'un combat au sein de l'Eglise pour une cause légitime. Il ne faudrait pas refaire la même erreur que l'on peut encore entendre trop souvent au sein de l'Eglise lorsque l'on confond pédophilie et homosexualité.

  • Sans complexe !

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  • Facebook condamné pour outrage contre l'évêque de Soissons (La Croix)

    La société Facebook France a été condamnée mardi 13 avril après la mise en ligne d'une page injurieuse et menaçante à l'encontre de Mgr Hervé Giraud, évêque de Soissons

    Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a condamné mardi 13 avril la société Facebook suite à la mise en ligne d'une page insultante à l'encontre de l'évêque de Soissons, Mgr Hervé Giraud.

    Mgr Giraud avait d'abord voulu «relativiser» l'impact de cette page ouverte le 4 janvier et intitulée «Courir nu dans une église en poursuivant l’évêque» qui, si elle ne cite pas son nom, arbore sa photo piochée sur Internet.

    Mais devant la déferlante d'insultes, y compris sexuelles, voire d'incitations à la torture, qui y sont rassemblées, il a finalement saisi la justice. «Il y a une forme de liberté d’expression qui est liberticide. On trouve sur Internet le meilleur de la communication mais aussi le pire», expliquait-il lundi au quotidien L'Aisne Nouvelle.

    La page était toujours en ligne mercredi matin

    «Nous avons attaqué Facebook France en qualité d’hébergeur. Il y a sur cette page de la provocation à la haine raciale et des injures en raison de la religion. Les propos tenus vont au-delà de la diffamation», explique de son côté Me Thierry Massis, l'avocat de l'épiscopat, qui défend Mgr Giraud qui a demandé à Facebook de supprimer la page incriminée, ce qui n'a pas été fait.

    Mardi, le juge des référés a donc ordonné le retrait de la photographie de Mgr Giraud, sous astreinte de 500€ par jour de retard, ainsi que, sous la même astreinte, le retraits des propos les plus insultants. Condamné à 2000€ de dommages et intérêts, Facebook devra également communiquer les données permettant d'identifier le créateur anonyme de la page.

    Mercredi matin 14 avril, la page, que Facebook a 8 jours pour supprimer et déréférencer, était toujours en ligne.

    Nicolas SENÈZE

    Source : http://www.la-croix.com/Facebook-condamne-pour-outrage-contre-l-eveque-de-Soissons/article/2422106/4078

  • Il vit et il crut

    burnand-pierre-et-jean.jpgCe matin, alors qu'il fait encore nuit dans nos cœurs et toute l'octave de Pâques ne sera pas de trop pour dissiper les ténèbres de nos cœurs, ce matin, nous sommes ramenés au tombeau. Avec toute l'Église, avec Marie-Madeleine, avec Pierre et Jean, nous voici ramenés au tombeau. Toute la nuit et depuis trois jours, l'Église a cherché celui que son cœur aime, elle s'est levée et ne l'a pas trouvé. Elle a parcouru les rues et les places en demandant aux gardes : avez-vous vu celui que mon cœur aime ? Alors dans la brise de ce matin, l'Église revient au jardin du tombeau, pour s'y remplir de la foi aimante au Christ ressuscité.

    Marie-Madeleine, la première a vu le tombeau ouvert. Sans y entrer, elle a perçu l'inouï et à son premier témoignage, les disciples accourent et Jean, dans son zèle ardent de disciple bien-aimé, arrive en tête. Oui, Seigneur, ton amour me fait bondir de joie, comme le feu dans les chaumes, les apôtres courent au tombeau. Si notre amour est encore trop tiède, peu importe, entrons à leur suite dans la foi et l'amour des disciples qui courent au tombeau, alors qu'il fait encore sombre, alors que les cœurs sont encore embrumés par la Passion solitaire du Fils unique, alors que la voix de l'Époux semble s'être éteinte.

    Courrons avec Jean. Avec Pierre, longeons la colline du Golgotha que la peur lui avait fait fuir et entrons dans le jardin du tombeau. Courbons humblement la tête pour franchir la porte du sépulcre où le Seigneur a vaincu la mort. Penchons-nous vers la pierre froide et nue du tombeau pour contempler la pierre où le Fils de l'Homme a reposé la tête. Avec Jean, voyons et croyons.

    Mais me direz-vous, qu'a-t-il vu en ce matin de Pâques ? Il n'a pas vu le Ressuscité remontant des enfers. Il n'a pas vu le Maître de la vie triomphant de la mort. Il n'a même pas entendu la voix de l'ange lui annoncer la Bonne Nouvelle du salut. Non, Jean a vu les linges et cela lui suffit. Jean, qui était resté au pied de la Croix avec Marie qu'il prend désormais chez lui, avait accompagné le Roi de gloire jusque dans son Royaume, jusqu'à cette salle des noces où Il fut embaumé, habillé d'un linceul. Et voilà que Jean voit ce linceul vide et affaissé, libéré du corps qu'il enfermait. Ce linceul ne pouvait pas garder plus longtemps le Dieu fort, le Dieu saint et immortel. Heureux linceul qui a abrité un temps le Bien-aimé. Mais la foi au Christ ressuscité nous fait nous approcher de lui infiniment plus que lui !

    De fait, les yeux de Jean n'ont rien vu d'autre que ce tombeau resté vide jusqu'à aujourd'hui, que ce linceul resté affaissé. Mais le cœur aimant du disciple bien-aimé s'est rempli à ce moment-là d'une lumière intérieure qui dépasse tout enseignement. Il a vu la réalisation des promesses de l'Écriture. Il vit et il crut. Il crut que le Fils de l'Homme devait souffrir beaucoup de la part des grands-prêtres, qu'il meure et que le troisième jour il ressuscite. Il crut qu'après deux jours, le Seigneur nous fera revivre et que le troisième jour il nous relèvera. Oui, il vit et il crut. L'Esprit Saint, qui sonde les profondeurs de Dieu, aura à leur enseigner toutes choses. Le Ressuscité aura à les associer à son intimité encore pendant 40 jours jusqu'à Son ascension. Mais tout cela viendra en son temps. Pour l'heure, il voit et il croit.

    Frères et sœurs, nous aussi, voyons et croyons. Avec l'Église du matin de Pâques, voyons la gloire du Ressuscité qui vient à nous dans la lumière de ce Cierge pascal, présence lumineuse du Christ le même hier, aujourd'hui et à jamais. Accueillons la présence du Seul Seigneur dans ses sacrements qui nous font revivre. Dans le baptême qui nous fait des fils dans le Fils, dans l'Eucharistie qui nous nous nourrit et dans le Pardon qui nous réconcilie. Contemplons avec toute l'Église Celui que la mort n'a pu engloutir, et qui est remonté triomphant des enfers. Adorons Celui qui vient vers chacun de nous en montrant ses mains et ses pieds et nous apportant sa paix. Mais surtout, accueillons avec crainte et tremblement le témoignage de toute l'Église. Au soir de Pâques, le Seigneur se montrera à ses Apôtres. En attendant qu'il se manifeste à nous au soir de notre vie, il nous faut vivre ce matin avec la foi venue des Apôtres. Certes, au jardin de Gethsémani, les Apôtres étaient à distance, à un jet de pierre du Seigneur. Mais au jardin du tombeau, Jean et Pierre sont déjà infiniment proches du Seigneur ressuscité dans la foi en voyant et en croyant. En ce matin de la foi, tout est déjà donné.

    Il vit et il crut. Mais heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru. Nous sommes de ceux-là, chers amis. En allant au tombeau ce matin, nous ne voyons pas plus que Pierre ou que Jean. Mais avec l'Église qui médite les Écritures et qui nous donne la présence du Christ ressuscité, nous voyons et nous croyons. On nous l'a annoncé : Jésus, mon Sauveur est en vie. Cela me suffit.