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  • Le don et le donateur

    mains.jpg« Alors vous vivrez, vous entrerez en possession du pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères »

    Vous n'avez peut-être pas fait attention à cette phrase de la première lecture. Ce n'est que la première lecture, elle annonce un thème qui sera développé dans l'Evangile. Alors nous attendrons paisiblement l'Evangile et l'homélie intelligente que va nous faire le prédicateur du jour.

    Invitation au voyage : le peuple hébreu avait quitté l'Egypte, il avait erré 39 ans dans le désert et voilà que la dernière année, il se prépare enfin à entrer en Terre promise. Le moment est solennel : il est rapporté dans les premiers chapitres du Deutéronome. Lui qui ne sait pas parler, Moïse prononce un grand discours. Que leur dit-il : souvenez-vous ! Souvenez de ce que Dieu a fait pour vous. Souvenez-vous de l'itinéraire ! Souvenez-vous de l'eau donnée dans le désert, de la manne et des cailles qui vous ont nourris quand vous aviez faim et que vous vous êtes plaint ! Souvenez-vous des peuples que vous avez rencontrés sur votre route et Dieu dont vous a protégés ou contre lequel il a permis votre victoire. Souvenez-vous, souvenez-vous en donc au moment où vous allez enfin entrer en terre promise !

    Autrement dit : souvenez-vous donc de Dieu à travers ce qu'il a fait pour vous. Souvenez de la main qui donne et pas seulement de ce qu'elle a donné ! L'avertissement est solennel. Il peut paraître évident, mais remarquez bien qu'il n'est pas complètement déplacé. C'est que l'expérience de gouvernement de Moïse parlera aux parents ou aux éducateurs que vous êtes : il sait qu'éduquer, c'est répéter !

    On se répète: Souvenez-vous de Dieu et de tout ce qu'il a fait pour vous ! Activez puissamment votre mémoire spirituelle, au moment même où vous allez enfin être les destinataires de tout ce qu'il veut vous donner. La tendance, pour ne pas dire la tentation, est grande de ne retenir que les dons, au détriment du donateur.

    Il ne faut pas croire que cela soit plus facile pour le peuple d'Israël, que pour les disciples du Christ. Il suffit de se souvenir de leur réaction après la multiplication des pains, ou même après la résurrection ("vas-tu rétablir maintenant la royauté en Israël ?").

    Pourtant, il y a un autre aspect plus délicat qui rend cette distinction entre les dons et le donateur difficile.

    L'expérience d'Israël est l'expérience d'un Dieu qui s'est fait proche, au point d'intervenir quand le peuple a crié vers lui. Il a donné le salut. Il a donné la libération d'Egypte. Il a donné la terre. Quand il donne, Dieu manifeste ce qu'il est : tendre et compatissant, miséricordieux. Les dons de Dieu témoignent de ce qu'il est. Les dons sont donnés pour parler de Dieu. Il est prodigue.

    Mais il y a plus. Les dons sont indissociables du donateur. Dieu donne et il se donne. La révélation qu'il fait de sa Loi n'est peut-être qu'une étape dans sa pédagogie d'éducation du peuple hébreu. Il n'empêche, que c'est une révélation de ce qu'il est : saint. D'où l'avertissement : "soyez saints, comme je suis saint". Il donne la Loi, qui sort de lui comme un éclat de sa sainteté.

    Evidemment, cette identité entre les dons et le donateur éclate dans la personne du Fils. Dieu donne et se donne. Il donne son amour et il se donne par amour. C'est vrai dans l'Eucharistie que nous allons recevoir dans un instant. Ce n'est pas moins vrai dans la Parole méditée et célébrée en cet instant. Dieu donne ses dons et il se donne dans ses dons. C'est la modalité profonde de l'alliance qu'il établit pour nous.

    Il faut en tirer une conclusion : Dieu n'a cessé de se donner à nous à travers tout ce qu'il nous a donné jusqu'à ce jour. La vie reçue, l'amour de nos parents, l'affection de nos proches, les talents reçus et entretenus, je laisse à chacun le soin de compléter cette liste, je ne voudrais pas être indiscret. Bref, dans tout ce que nous avons reçu, Dieu s'est donné à nous.

    Entrons donc en toute confiance dans cette relation d'alliance où nous nous les destinataires de cette donation de Dieu. Demandons pardon pour notre manière maladroite de donner, en reprenant ou en refusant de nous donner plus avant. Apprends-nous Seigneur à vivre de tes dons et à nous donner sans mesure, avec une infinie confiance.