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  • 1515-2015 : la grâce d'être né

    San-Filippo-Neri_profilo.jpg&sa=X&ei=d3plVbGKA8SBU7H-gMgL&ved=0CAkQ8wc4mQE&usg=AFQjCNE6s5lZtpkZt0SdB7M3ZHxWdWJTmAVous avez compris que ce 26 mai 2015 a une saveur toute spéciale, parce que c’est l’année où nous fêtons le Jubilé des 500 ans de la naissance de St Philippe. La date exacte est le 22 juillet. Sans en faire un anniversaire prématuré, nous anticipons un peu sur l’évènement, en nous unissant par la prière aux 85 autres maisons de la Confédération qui, comme celle de Dijon, entrent dans l’action de grâce pour le don que Dieu nous a fait dans la figure, la vie et la sainteté de notre fondateur.

    Et c’est un peu paradoxal en ce jour, qui est en fait le jour anniversaire de sa mort, le 26 mai 1595 à Rome, 80 ans après sa naissance à Florence. Naissance sur terre, naissance au ciel. Pour Philippe, mais pour tous ceux que l’Eglise nous donnent comme modèles et comme compagnons, ces 2 dates jalonnent l’itinéraire d’une vie. 2 naissances qui chacune ouvre une grâce particulière : la grâce d’être né, la grâce d’une vie qui mérite d’être vécue et puis la grâce d’entrer dans ce qui est espéré, la grâce d’accomplir sa course tendue vers ce qui est attendu.

    La grâce d’être né. Nous remercions donc le Seigneur de nous avoir donné Saint Philippe. Comme pour chacun de nous, il sera marqué par sa singularité. Il est de quelque part, de Florence, né d’un père notaire désargenté et d’une mère aimante morte trop tôt. Il est d’une époque précise, la fin de la Renaissance, la gloire ambiguë des Medicis, les troubles politiques et sociaux de son époque. Il est d’un tempérament, enjoué, pieux, taquin, facétieux, bref un vrai florentin. En recueillant ce que ses contemporains ont pu dire de lui, on ne peut que remercier le Seigneur de la manière dont il a fait fructifier les dons qu’il avait reçus  en venant au monde.

    La grâce d’être né au ciel. 80 ans plus tard, au terme de sa course, le voilà qu’il jouit du Paradis, celui qu’il a désiré, celui qu’il a préféré. C’est que pendant toute sa vie, il vit en ayant le Ciel dans le cœur. Et c’est bien dans la juste ligne des choses qu’alors il ait le cœur au Ciel. On peut dire que saint Philippe est l’homme du Ciel. Enfant, il a le regard perdu vers les lointains et sa sœur Elisabeth fera les frais de l’avoir taquiné sur ce point. Avant d’arriver Rome, il passera un temps au pied du mont Cassin, à Gaète entre ciel et mer pour une retraite prolongée qui lui donnera le goût des promesses du ciel. Et à Rome, il s’aura de cesse de se dérober à la ville, à l’agitation, et même à sa communauté (!) pour entrer dans la solitude, dans le cœur à cœur qui l’attachera toujours plus à ce ciel qui sans cesse l’engendre à la condition de disciple. S’il naît au ciel à sa mort, c’est bien pour être pleinement engendré à cette condition d’enfant de Dieu dont son pèlerinage terrestre n’aura été qu’une lente gestation.

    Mais il y aura la grâce d’une autre naissance, d’un autre enfantement, celui de tous ceux qu’il aura enfanté au Christ. Ce soir, nous allons entendre le témoignage d’un de ses disciples, de ses fils. Il dit qu’au moment de la mort de saint Philippe « les pères arrivaient les uns après les autres dans la chambre de celui qui en avait tant, et au prix de tant de peines, enfanté au Christ ». La grâce de Philippe, c’est bien c’est d’avoir fait naître, ou plutôt renaître à la vie d’enfant de Dieu. Son charisme, c’est bien celui-ci. Son œuvre, sans qu’il l’ait vraiment projetée, c’est bien celle-là. Faire naître ou renaître à la vie baptismale. Enfanter au Christ et à l’amour de Dieu, avec joie, simplicité et ferveur.

    Dans les différents instituts, il est fréquent d’appeler le fondateur « notre Père ». Pour nous, que peut signifier cette expression « notre Père saint Philippe ». Un modèle ? Mais il est plus admirable qu’imitable… Un fondateur ? Mais qui, bien malgré lui, laissera une œuvre et un institut qui va assez s’exporter hors de Rome, lui de l’influence immédiate de ce Père. Un Père très doux comme nous le chantons dans les litanies écrites par le bx John Henry Newman. Un Père qui enfante des disciples, libres et fervents. Un Père pour lesquels ses disciples voueront une certaine gratitude, celle d’être enfanté à leur propre vocation par sa présence et sa prière.

    Et le message de ce jour du pape François aux Congrégations de l’Oratoire insiste : « Sa paternité spirituelle transparaît de toute son action, caractérisée par la confiance dans les personnes, la fuite des tonalités sombres et austères, l’esprit de fête et de joie, et la conviction que la grâce ne supprime pas la nature mais l’assainit, la fortifie et la perfectionne ».

    Alors en cet instant, monte une prière dans nos cœurs : que ce doux père nous enfante au Christ. Qu’il nous enseigne plus encore sa pédagogie spirituelle. Qu’il nous fasse  à ce qu’il nous a appelés. Qu’il nous fasse devenir ce que nous sommes !

  • « Père saint, garde mes disciples »

    21074839_p.jpg&sa=X&ei=VElYVcPGC4fdUY_4gKAE&ved=0CAkQ8wc&usg=AFQjCNEgsWxraaPtVoNxTD6oVADbctBy_QNous voici au cœur de la prière sacerdotale de Jésus. Au soir de sa Passion, à l’heure la plus intense et la plus ultime de son ministère public, le Christ prie son Père. Nous connaissons par ailleurs ce dialogue intime : « Si cette coupe pouvait passer loin de moi, cependant non pas ma volonté, mais la tienne ». Mais avec ce long chapitre 17 de saint Jean, nous voyons que la prière du Christ s’élargit de façon ample. Il ne prie pas seulement pour lui-même. Il prie pour ses disciples et pour tous ceux qui croiront en son nom par la parole des disciples. Déjà le Grand Prêtre qui chaque année entrait dans le Saint des saints dans le Temple intercédait pour lui-même, pour sa famille et pour tout Israël. A Gethsémani et dans une grande prière d’intercession, le Fils unique porte devant le Père les siens et tous ceux qui croient en son nom. Et que demande-t-il ?

    « Garde-les dans la fidélité à ton nom ». Au moment crucial de la Passion, la demande est précise, parce que le Christ sait bien ce qu’il y a dans le cœur de l’homme,, qui est « compliqué et malade » comme dit le prophète Jérémie. La fidélité voilà bien ce qui nous manque. Nous voudrions être performant, voir les résultats de nos efforts et de nos initiatives. En fait, il s’agit d’être simplement, si je puis dire, fidèles. C’est d’ailleurs notre dénomination, d’être des fidèles du Christ, ceux qui le suivent, dans le chemin qui est le sien. Au total, ce sera bien le chemin des Apôtres, de le suivre dans son chemin, même si ce chemin a pu être sinueux et tortueux. Ce chemin des Apôtres est le nôtre. Fidélité pour ceux qui reçoivent le baptême, la communion, la confirmation ; fidélité dans les épreuves multiples de la vie ; fidélité à celui qui ne nous assure pas un chemin pas plus confortable que le sien. La fidélité est un don et un cadeau de Dieu. Et nous avons besoin que le Christ intercède pour nous.

    « Qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés ». Autre demande du Christ : que nous obtenions non seulement la joie, mais la même joie que celle qui l’habite. Joie du Fils de se recevoir du Père et d’être aimé de lui. Joie de travailler à sa vigne. Joie de faire sa volonté. Joie de le faire connaître et de mener tout homme sur ce chemin de bonheur. Voilà bien des joies qui renouvelle c que pourrait être l’horizon de notre propre joie. C’est bien cela la joie de l’Evangile dont nous parle le pape François. Cette joie parfaite dont le Christ veut que nous soyons comblés. Pensez-vous que le Christ demanderait en vain ce don du Père ? Pensez-vous que le Père ne soit pas assez puissant pour nous faire ce cadeau, cette grâce dans toutes les situations de notre vie, telle qu’elle est.

    « Garde-les du Mauvais ». A l’heure de la Passion et du Vendredi Saint, il semble bien que le mal et la violence ait le dernier mot, que les ténèbres engloutissent le Fils comme un trou noir avale la matière qu’il attire à lui. Or, nous avons chanté dans la nuit de Pâques la victoire de la Vie sur la mort, de l’amour sur la haine, de la lumière sur les ténèbres. Le Christ entend bien que nous soyons garde de cette emprise du Mal sur nous, quelle qu’elle soit : emprise du malin, emprise du monde, mais aussi emprise de ce mal qui est également en nous. On peut vraiment dire que le Christ s’occupe de nous de façon délicate et miséricordieuse. Les parents font l’expérience de cet amour inquiet et impuissant qui souhaite que leurs enfants soient préservés de tout danger, de tout malheur. A plus forte raison, le Maître de nos vies qui veut notre bonheur demande au Père que nous soyons préservés. « Délivre-nous du Mal ».

    « Sanctifie-les ». Comme lui-même est saint, le Saint de Dieu, il veut que nous soyons associés à Lui. C’est trop peu de le suivre de loin, C’est trop peu d’être des auditeurs, il s’agit d’être des disciples aimants, des enfants du Père. En cette nuit sainte de Gethsémani, il veut nous prendre en Lui. Que nous soyons associés à Lui, incorporés en Lui. Fils dans le Fils disait Origène au IVè siècle.

    Cette nuit sainte de Gethsémani n’a pas de fin. Elle dure éternellement, parce qu’éternellement, le Fils intercède auprès du Père pour nous. A l’Ascension il a emporté notre humanité dans la gloire du Ciel. Son humanité, ses plaies, son côté ouvert ont été assumé dans la gloire de la divinité. Eternellement, et donc en cet instant unique, il s’occupe de nous. Il nous présente au Père. Chaque Eucharistie en est l’écrin. Chaque RDV de cœur à cœur peut également en devenir le réceptacle. La base est dans notre camp.

  • « Un grand prophète s’est levé parmi nous ! »

    gigi-proietti-e-san-filippo-neri-nella-fiction-rai-preferisco-il-paradiso-175442.jpg« Un grand prophète s’est levé parmi nous ! » (Lc 7,16)

    A la vue du miracle où le Christ ressuscite le fils de cette veuve, la foule jubile et laisse exploser sa joie. Dans la ferveur, les mots fusent. C’est lui le grand prophète, celui qui apporte enfin la consolation d’Israël. Et puis le grand prophète changea de village, il pris la route de Jérusalem. Qui de Naïm l’a suivi ? Qui a reconnu le Fils de Dieu ? Aujourd’hui même, il n’y a plus un seul chrétien dans ce petit village au pied du Mont Thabor.

    Cette lecture est choisie en cette messe votive de St Philippe. Elle est directement choisie en référence au miracle du 16 mars 1583 où St Philippe a ramené le jeune Paolo Massimi à la vie pour quelques instants. Ce miracle comme tant d’autres, sans compter ceux que nous découvrirons au Ciel, sont là pour attester l’incroyable source de grâce qui déborde la les gestes et les paroles de notre saint. Et les litanies composées par le bx John Henry Newman ne sont pas en reste pour nous faire regarder le Socrate romain comme on regarde un diamant, face par face : Père très doux, Martyr de la charité, Perle du sacerdoce, Modèle d’humilité, Apôtre de Rome, Voix prophétique.

    Et justement. Voix prophétique. Par sa vie, par son ministère, Philippe a exercé une fonction prophétique. De lui également les romains ont pu s’exclamer avec ferveur : un grand prophète s’est lever parmi nous !  Il est le prophète qui avertit, qui tance ou qui exhorte. Il est le prophète qui accomplit les hauts faits de Dieu en guérissant, ressuscitant ou nourrissant. Il est le prophète qui montre le chemin de la ferveur et de la conversion.

    Nous voici donc aujourd’hui réunis à Paray le Monial pour rendre grâce au Seigneur d’avoir donné à son Eglise ce prophète. Voici 500 ans que cette grâce a été donnée. Voici 500 ans qu’elle rayonne au milieu de tant d’autres figures avec lesquelles il aura contribué à raviver la ferveur éteinte au cœur même de l’Eglise romaine. Et depuis 500 ans, ses disciples ne cessent de regarder en lui cette grâce prophétique pour y trouver une source puissante d’action dans le génie de chaque époque et de chaque culture.

    Je vous laisse 3 facettes de ce diamant prophétique qui m’ont particulièrement touché : Elisée, Jérémie et Jean Baptiste

    Tel Elisée, mais aussi comme le sera le Seigneur Jésus lui-même, il est saisi de pitié, remué aux entrailles pour les détresses humaines et spirituelles qu’il croise. Il est remué aux entrailles au point d’agir pour elles. Parce que la charité le brûle et le pousse, il ne se regarde pas. Dans ce mouchoir de poche qu’est la Rome du XVIème, il va et il vient au gré de la grâce, sans se regarder, sans regarder l’œuvre de ses mains. Voilà qui fonde le dynamisme de l’Oratoire qu’il a fondé malgré lui. Nos Oratoires n’auront pas plus à se regarder, et encore moins à se célébrer. Pour nos Oratoires, comme pour chacun de nous, la charité urge, et elle nous pousse là où l’Esprit mène notre sollicitude communautaire et pastorale. A notre porte, dans nos quartiers, dans nos villes, partout et à chaque fois que l’Esprit nous remue aux entrailles.

    Pourtant, pas plus que pour le prophète Jérémie, la parole dont il est le serviteur ne lui est consolante. « Mon cœur s’agite en moi » (Jr 4,19) ; « Pourquoi ma souffrance est-elle continue, ma blessure incurable ? (Jr 15,18). Quand St Philippe se regarde, c’est dans la lumière implacable de celui qui l’a blessé d’amour. S’il se regarde, c’est pour laisser monter en lui les larmes de la contrition. Oui, sans la grâce divine il n’est rien. Oui, sans l’aide du Seigneur Jésus, il pourrait même le trahir. Ses oraisons jaculatoires nous ouvrent son cœur de disciple et de prophète. Cœur habité certes, mais cœur inquiet, sans repos tant que le Christ n’a pas pris toute sa place. 500 ans plus tard, la charité urge et elle nous pousse à nous convertir, parce que justement l’Oratoire et une école de charité, là où nous continuons à apprendre encore et encore. Une école : c’est bien ce que disent nos constitutions. L’Oratoire n’est pas un plage où l’on se prélasse, ni un hôpital où l’on attend une guérison, ni un salon où l’on cause, mais une école où l’on apprend à se convertir. Vivre, c’est changer dit le bx John Henry Newman. Vivre, c’est donc apprendre.

    Tel St Jean Baptiste dont il eut une apparition, il se tient légèrement de côté pour attirer au Christ ceux qu’il prend dans ses filets. Mener au Christ par tous les moyens d’un pédagogie qui n’a pas de méthode, on l’a souvent dit. Mener au Christ par la joie, la ferveur, la bonhomie, la simplicité, le chant, bref par tout ce qu’il y a de bon et de beau dans le cœur humain. Mener au Christ pour faire goûter une expérience qui a enflammé son cœur de florentin parachuté au cœur de Rome. Il aura toujours conscience de n’être que la voix au service de la Parole. Pour ses disciples, de quelque état de vie qu’ils soient, voilà bien une méthode : se tenir à la juste place de celui qui désignera toujours le seul Maître, le seul Epoux, le seul Christ. Que faire d’autre, que même désirer d’autre ?

    Saint Philippe, « du haut des cieux regarde et vois » tes enfants qui sont en France. Ils ont l’accent chantant de l’hyérois, rocailleux de Bourgogne, traînant de Lorrain, ou même un peu parigot. Regarde cette vigne que tu as plantée de l’autre côté des Alpes. Continue à exercer pour eux ta figure prophétique et donne-leur d’y conformer leur vie, leur attachement communautaire et leur apostolat. Sois leur voix, que l’on puisse à nouveau s’exclamer de toi : « un grand prophète s’est levé parmi nous ! »