Le voici donc arrivé ce beau jour de Noël. Jour de fête pour certains, mais pas pour tous. Jour de rassemblement pour beaucoup, mais pas pour tous. Jour de la Nativité du Seigneur, où une joie nous est donnée. De fait, nos rues se sont s’illuminées depuis quelques semaines ; nos intérieurs se sont même parés de mille et unes décorations. En ces jours, les tables se garnissent. C’est la magie de Noël, comme on dit. Et pourtant, nous pressentons qu’il s’agit finalement d’autre chose. Noël c’est l’affaire d’une autre joie, le cadeau d’une autre joie, et même d’une joie que nous ne pouvions nous faire à nous-mêmesUne joie veut entrer dans nos maisons et mêmes dans nos existences. Accueillons la ce matin.
Pour m’expliquer, je vous invite à venir à la crèche, celle de cette église, celle de vos maisons. Elle est sur votre buffet, dans votre salon ou dans votre chambre. D’une manière toute simple, toute figurative, ces personnages, ces santons sollicitent notre imagination et notre prière. Ils viennent chacun pour sa part composer cette scène de la naissance de Jésus, l’entrée dans le monde du Verbe incarné. Et la voici la joie que rien ne peut nous ravir. C’est celle que Jésus apporte, ou plutôt c’est la joie qu’est Jésus. Il est la joie de Dieu pour nous. Il est le sourire de Dieu pour l’humanité, pour le peuple qui marchait dans les ténèbres comme le disait le texte lu dans la nuit. Il est le sourire de Dieu pour chacun de nous, alors que nous voudrions nous procurer à nous-mêmes un sourire qui nous déride, un sourire que les autres attendent de nous, un sourire commercial certaines fois, un sourire forcé d’autres, surtout quand notre cœur n’y est pas, pour toutes les raisons que la vie et les épreuves de la vie nous imposent.
Devant nos crèches, nous voici donc devant l’enfant, le cadeau de Dieu, l’amour de Dieu qui s’abaisse à nous, le baiser de Dieu fait à l’humanité. Dieu nous visite dans la faiblesse de notre chair. En ce jour, nous ressentons avec joie que Dieu s’est penché vers nous. Je dis que nous le ressentons, et c’est même plus : nous le croyons. Vous voulez un indice qui vous aide à percevoir que Dieu s’est vraiment penché vers nous. L’indice est tout simple, et même désarmant : c’est la réalité de cet enfant de Bethléem. C’est l’enfant promis. C’est l’enfant que chantent les anges. C’est l’enfant devant lequel les bergers viennent. Celui que les mages viendront adorer. C’est l’enfant donné de façon si inattendue à Marie, la jeune femme de Nazareth. Prenons donc le temps de le regarder cet enfant.
Je vais vous faire une confidence. J’aime beaucoup ces enfants Jésus de nos crèches, et plus particulièrement ceux qui ouvrent les bras. En poupée de cire ou en santon de Provence, l’enfant semble dire à chacun de nous : « Viens ». « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos ». « Venez à moi » insiste-t-il C’est bien ce qu’il dira tout au long de son pèlerinage terrestre, au bord du lac, sur les sentiers de Galilée, dans les villes et villages et dans les rues de Jérusalem. Venez à moi pour recevoir de moi une joie que rien ne pourra vous ravir, alors que vous cherchez partout ailleurs les raisons d’être et d’agir. Venez à moi pour être guéris, consolés, pardonnés, sauvés. Venez à moi. Je sais bien que cela n’est pas si facile. Lui-même en a fait l’expérience qui l’a mené à la Croix. Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli.
A l’entrée de cette messe, nous avons chanté la version française de l’Adeste Fideles. Déjà ce chant nous a invité de façon pressante à venir à la crèche pour « voir le Roi du monde « et pour « reconnaître ton Dieu, ton Sauveur ». Ce chant, comme nos crèches, tout comme nos liturgies de ce jour ou de chaque dimanche. Tout cela est bien réel. Réellement il s’est incarné pour nous et pour notre salut. Ce n’est pas qu’une belle idée, et encore moins un mythe symbolique. Non réellement, il a pris chair de notre humanité. Réellement, il prend notre condition humaine pour nous communiquer cette vie divine, qui est joie et quelle joie. Lui qui est paix, qui est douceur, qui est amour. Il vient d’un pays étranger pour nous communique cette joie autre.
Alors, réellement, nous allons venir à Lui. J’insiste : en quittant l’église tout à l’heure, prenant le temps de venir à la crèche pour lui dire à quel point vous désirez venir à Lui. Ou ce soir, devant, la petite crèche de votre salon, prenez le temps de renouveler cette réponse amoureuse à l’invitation qui vous est faites par le petit santon qui vous tend les bras.
Alors, ce sera vraiment Noël pour vous. Vous serez source de joie pour les autres et pour le monde.