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Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?
La question, la dernière de l’Evangile lue à l’instant, est insistante et terrible. Elle peut éclairer notre intention profonde en ce jour où nous clôturons la semaine missionnaire. Que la foi soit diffusée sur toute la surface de la terre. Que le nom du Christ soit connu, annoncé, proclamé. Que la Parole soit annoncée à temps et à contre temps. Qu’elle résonne dans les cœurs, sur les places et au plus profond des familles, des quartiers, des lieux de travail et de vie d’un plus grand nombre. Voilà bien l’intention précise de l’Eglise en ce jour. Elle rejoint ce à quoi depuis plusieurs années nos pasteurs, évêques et papes, veulent nous rendent sensibles, à savoir la nouvelle évangélisation. La mission nous concerne ici, parce qu’il importe au Seigneur qu’ici, il soit connu, annoncé, aimé, proclamé. Le dernier synode des évêques, les initiatives ça ou là, mais également toute la vie de l’Eglise, et finalement notre vie à chacun tournée vers cette intention : que le Christ soit proclamé
« Le Fils de l’homme, quand il viendra trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». Mais on peut entendre cette question du Seigneur d’une autre manière, plus inquiète, plus insicise. Quand il viendra, trouvera-t-il encore un croyant ? Pas 50, pas 40, pas 10 comme le marchandait Abraham, mais un croyant ? Trouvera-t-il la confiance, la ferveur, l’abandon, l’espérance ? Trouvera-t-il des cœurs prêts à l’aventure de la foi, à l’audace de la charité, au pari de l’espérance ? La question est posée pour chacun de nous. Et un marqueur tout simple est proposé par les lectures de ce jour.
Dans l’Evangile, la question du Christ fait immédiatement suite, vous l’avez entendu, à un encouragement à prier sans se décourager. Saint Paul le dit lui-même : priez sans cesse. Et la 1ère lecture nous a montré la puissance de la prière d’intercession de Moïse, malgré sa fatigue et son découragement.
Prier sans se décourager, prier sans se lasser,… voilà qui nous est doux à entendre et finalement pas si confortable. Doux à entendre parce que, finalement, à force d’entendre que la prière ne doit pas être seulement une prière de demande, mais également une prière de remerciement, d’action de grâce ou encore de louange gratuite, nous en étions (peut-être) à nous interroger sur notre prière. Suis-je encore en droit de demander ? Pour moi ou pour les autres. Merci, pardon, s’il te plait. Si j’ai tant de mal à dire merci ; s’il m’est difficile de demander pardon, puis-je encore demander quelque chose à Dieu ? Finalement ce que dit le Christ nous est doux à entendre. J’ai le droit de demander.
Doux, mais pas si confortable. J’ai le droit de demander, de supplier. J’ai même le devoir d’intercéder, le devoir de lasser Dieu par mes demandes répétées. Dieu veut être sollicité par nos libertés en devenir. Il consent à être importuné jour et nuit par nos demandes, quelles qu’elles soient, même si elles sont mêlées de bon grain et d’ivraie. Il le dit d’ailleurs dans un autre passage « Si donc, vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ? » (Lc 11,23).
Et voici qu’en ce dimanche des missions, nous sommes simplement renvoyé à notre prière, et à notre prière de demande. Où en sommes-nous ? Nous pouvons nous raconter des histoires sur notre foi. Le Seigneur nous interpelle ce dimanche sur la réalité de notre prière de demande. Es-tu assez humble et petit pour demander ? Es-tu assez confiant pour oser t’en remettre à un autre que toi ? Oseras-tu descendre de ton piédestal pour t’abandonner à moi ? Oseras-tu me présenter tes désirs, tes angoisses, tes soucis, tes peurs, tes demandes. Oseras-tu me solliciter. Il y a un orgueil sournois à s’en remettre à soi-même, pensant secrètement que l’on se débrouillera bien seul, psychologie pas seulement masculine.
Pour finir, je laisse cette belle prière que m’habite depuis que je l’ai reçu d’un moine d’une abbaye cistercienne. Elle m’aide à porter au Seigneur tout ce que je ne peux pas dire ou faire :
Ce que mon cœur désire pour ceux que j'aime, d'une ardeur inquiète et impuissante, Seigneur Jésus, Tu le leur donneras mieux que moi, si cela est bon pour eux. Ce que ma bouche ne saurait leur faire comprendre, j'ai la ressource de Te le confier, ô Christ, qui le leur diras quelque jour à leur cœur. C'est sur cette réalité invisible de la grâce divine et de Ton action toute puissante, Seigneur Jésus, que sont fondées ma foi et ma prière.