Une fois n'est pas coutume : un chant liturgique, un vrai, un beau, un qui introduit à la prière. Bon Carême !
la partition est ici
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Une fois n'est pas coutume : un chant liturgique, un vrai, un beau, un qui introduit à la prière. Bon Carême !
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Ils sont là, Pierre, Jacques et Jean sur la montagne qui domine la vallée d’Yzréel. Ils ont laborieusement gravi les pentes abruptes de cette haute colline. Et soudain dans l’éclair, dans la lumière, dans l’effroi intérieur, voilà qu’ils sont transportés : devant eux, la gloire. Devant eux la gloire se dévoile. Ce que les prophètes avaient annoncé, que Dieu avaient promis, ce vers quoi ils étaient tendus depuis leur plus jeune formation religieuse, la voici, presque à portée de main. Jésus est là devant eux, transfiguré, dévoilant la gloire du Messie, ce qu’authentifie la présence de Moïse et d’Elie.
L’Evangile de ce dimanche veut dévoiler quelque chose à nos yeux embués, à nos esprits engourdis et surtout à nos cœurs lents à s’ouvrir à la grâce. Quelque chose, mais quoi : la gloire à venir, pour le Messie, et pour chacun de nous. Quelque chose, mais plus précisément quoi ? C’est qu’il y a quelque chose à attendre, quelque chose à désirer, quelque chose vers quoi diriger nos pas, quelque chose qui dépasse l’épaisseur et la matérialité de ce monde ou des limites de cette vie humaine. Bref, il y a quelque chose à espérer.
Nous avons placé ce Carême sous le thème de l’espérance, et dimanche dernier, l’homélie a levé un coin du voile sur cette belle vertu, cette force intérieure qui relaie la foi pour nous mettre en mouvement vers ce que nous attendons. Donc il y a à attendre, et surtout, pour aujourd’hui, il y a quelque chose à attendre. Permettez que j’insiste sur ce quelque chose.
Abraham avait donné sa foi au Seigneur. Sur son ordre, il s’était mis en route sur la double promesse divine : avoir une terre, avoir une descendance. La Parole de Dieu lui avait donné le contenu d’une espérance folle. Une terre pour le nomade sédentarisé qu’il était devenu ; une descendance pour le vieux couple qui ne s’en imaginait pas tant.. Quand enfin le fils arrive, c’est Isaac, la réalisation sur terre de cette promesse est comblée. Il n’y a plus rien à attendre. Et pourtant, c’est à ce moment précis, que Dieu donne l’ordre humainement insoutenable de lui offrir cet enfant. Lointaine prophétie des enfants premiers qui appartiendront au Seigneur. Lointaine prophétie du Fils unique portant lui-même le bois du sacrifice et qui sera livré par le Père éternel. Il n’empêche que pour Abraham, c’est la nuit. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. La lettre aux Hébreux se fait l’écho d’un commentaire juif de l’Ecriture qui dit que c’est parce que « il pensait en effet que Dieu peut aller jusqu'à ressusciter les morts : c'est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c'était prophétique » (He 11,19).
Pierre, Jacques et Jean avaient vu le Christ faire des miracles, nourrir des foules, guérir des malades, chasser des démons. Ils avaient vu le Christ réordonner ce monde autour de lui, non sans s’interroger sur le fait que cette re-création é »tait si limitée dans l’espace et dans le temps. Sur la montagne, le ciel s’ouvre et l’objet de leur espérance leur est donné furtivement, en même que s’allume en eux cette espérance. Il y a autre chose à attendre de ce monde ci.
Autre chose nous est promis. Dans sa lettre pastorale, Mgr Minnerath précise. « qu’est-ce qui est promis ? La vie éternelle, que Dieu nous donne en partage parce que nous avons mis notre confiance en lui, et pas dans les promesses de ce monde. L’espérance nous invite à placer notre attente plus loin que ce que le monde peut nous offrir ».
Ce Carême peut devenir un résumé de tout notre vie, parce qu’au terme de ce Carême il y a quelque chose, un objet pour notre marche. Mais le croyons-nous ? Nous nous dirigeons vers ce renouvellement de l’alliance, vers la réactualisation de la communion avec Dieu. Le chemin peut être long ; l’objet de notre attente peut nous faire languir ; de multiples choses peuvent se présenter à nous en route et nous faire oublier ce vers quoi nous sommes tendus. Mais l’espérance vient nous rappeler qu’un terme est possible, même si tout nous le masque ; qu’un horizon devant nous existe même si nous ne le percevons pas, et si a fortiori nous ne l’expérimentons pas encore.
« Je mets mon espérance dans ce que Dieu me donnera comme un cadeau inattendu et non mérité. Si je mets mon attente uniquement dans les biens de ce monde, je n’ai plus de l’espérance, seulement le souci de voir réalisés mes désirs ». Nous attendons les cieux nouveaux. Nous attendons la vie du monde à venir. Nous attendons une plénitude qui ne sera jamais de ce monde et que nous accueillons dans la foi. Saint Augustin le dit dans une formule ciselée : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en Toi ! » Il ne s’agit pas simplement de le chanter, mais il faut que cette formule descende d’environ 30 cm, de notre esprit à notre cœur.