Le Royaume des cieux est comparable… A trois reprises dans l’Evangile de ce jour, le Christ esquisse le tableau du Royaume des cieux. Un trésor caché pour lequel on vend tout pour l’acquérir ; un négociant qui vend tout ce qu’il a pour acheter la perle ; un filet jeté et qui ramène toutes sortes de poissons qui sont ensuite triés.
Mais d’autres images sont également sollicitées : un minuscule grain de moutarde semé qui devient une grande plante potagère ; du levain enfoui dans la farine qui fait tout lever.
Le Christ vient nous enseigner sur la réalité du Royaume. Royaume qui n’est pas de ce monde, faut-il le rappeler ? Royaume qui n’est ni un régime politique de ce monde, ni un lieu précis de ce monde. Mais Royaume que nous approchons avec des mots, des images de ce monde. C’est déroutant, mais c’est ainsi. Essayons de comprendre.
Je retiens 3 couleurs de ce Royaume.
Le Royaume est caché. Il est discret aux yeux des hommes. De l’intérieur, il pousse, il grandit. C’est le règne de l’intériorité. C’est le règne d’une relation simple et humble avec le Père. Cette couleur, c’est celle du Fils qui n’a ni beauté, ni éclat. C’est le Très bas de Bethléem, grain de blé jeté en terre, qui mourra pour porter beaucoup de fruit. Un royaume caché : voilà bien ce qui a été si difficile à entendre des apôtres. Voilà qui reste difficile pour nous qui
Le Royaume est à chercher, à désirer, à poursuivre, au point de tout vendre pour le posséder, pour l’acquérir. Il ne s’impose pas. Il s’agit de s’investir personnellement pour le chercher. Remarquez bien que s’il s’agit de le chercher, c’est que nous ne le possédons pas encore. La prière du Notre Père nous le rappelle : que ton règne vienne. Qu’il vienne donc, du haut du ciel ou du fond du silence de la prière. Il vient, extérieur à nous. Le Christ a beau dire que le Royaume de Dieu est là au milieu de nous, cela est vrai parce qu’il parle de lui-même. Le Christ est là au milieu de nous, mais il s’agit de le chercher, sans penser trop vite l’avoir trouvé. Le Christ ne se donne qu’à ceux qui le cherche, le désire, Lui, et Lui seul. Saint Philippe avait une maxime désormais célèbre : Celui qui désire autre chose que le Christ ne sait pas ce qu’il désire.
Le Royaume est généreux et exigeant. Comme un filet, il accueille (plus qu’il ne ramasse) tous les hommes. Ceux de toutes langues, ceux de toutes cultures, ceux de tous les temps. Il les pèche. C'est-à-dire qu’il les fait sortir de leur milieu ambiant pour les faire vivre dans un autre milieu. Quand vous sortez un poisson de l’eau, vous le faites mourir. Le Royaume des cieux, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Pour tous, c’est une œuvre de salut, donc de mort et de vie. De mort d’abord, de vie ensuite. J’en veux pour preuve qu’il a choisit des pêcheurs pour faire cette œuvre de salut en son nom. Le royaume est généreux et exigeant. Généreux, parce qu’il est promis gracieusement et gratuitement à tous, à chacun, tels que nous sommes. Exigeant, parce qu’il va nous tirer vers cette vie que nous ne soupçonnons qu’à peine. Vie de grâce, vie de communion avec Lui, vie de communion avec les autres. Généreux, mais exigeant ? Ne nous piégeons pas. Généreux, parce que exigeant. Et l’exigence va jusqu’au bout, parce qu’au soir de notre vie nous serons jugés. Un tri s’opèrera comme sur le rivage, entre ce qui est bon, et ce qui ne vaut rien.
Ce Royaume, c’est le Christ, caché, à chercher. Le Christ bon, généreux, mais exigeant. Il est le Maître du Royaume à venir. Au cœur de cet été, nous pourrions prendre le temps, cette semaine, cette après-midi pour lui consacrer un peu de temps.