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« Je suis le chemin, la vérité et la vie »

Vosges-224--600x450-.jpgNous connaissons bien cette affirmation du Christ. Elle nous est tour à tour évidente, ou intrigante. Evidente, parce que lumineuse. Intrigante, parce que difficile à comprendre au regard de notre culture contemporaine. Qu’est-ce que la vérité ? Qu’est-ce que ce chemin ? Chemin vers quoi ?

Cette affirmation suppose pour nous d’être des nomades, des pèlerins. Notre vie humaine est déjà un chemin. Chemin de lente maturité, de lente autonomie. Chemin d’une vie qui se déploie et grandit. Chemin où nous cheminons, aisément ou difficilement, seul ou avec des compagnons de route. Chemin qui nous fait avancer dans la vie, de la naissance, vers notre patrie.

La foi est également un chemin. Abraham, le père des croyants, est précisément un nomade. « Pars, quitte ton pays et la maison de ton père et va vers le pays que je t’indiquerai ». Cette condition de pèlerin dans la foi est renforcée par le fait que Dieu lui promet une terre qu’il verra mais dont il ne profitera jamais, où il n’arrivera pas. Le plus important est le route, le chemin. La patrie, ce sera autre chose. Dieu met en route, et la promesse est le moteur de cette route, ce qui met le pèlerin en mouvement dans ce chemin de foi.

Mais qu’el est pour nous le chemin de la foi ? C’est celui tracé et ouvert par le Fils lui-même. Il est le chemin vers le Père. Notre condition de croyants est celle d’enfants du Père, disciples du Fils et temple de l’Esprit. Nous voici en route vers le Père dans le lent pèlerinage de notre vie de fils et de filles de Dieu. En route ! En route vers le Père. En route vers la vie d’union en Lui et avec Lui. En route ! C’est le sens du mot heureux qui ouvrent les 8 béatitudes. Il n’y a rien de statique, au contraire, c’est une mise en mouvement dynamique !

Ce chemin, c’est celui du Père, avec le Fils comme compagnon et avec l’Esprit comme guide intérieur. L’icône si connue de la trinité de Roublev nous montre ces 3 personnages autour d’une table, semblant comme attendre le 4ème, le croyant invité à la table trinitaire. Cela, c’est la patrie, c’est le terme du pèlerinage. Pour l’heure, n’anticipons pas, nous voici lancé sur ce chemin.

Or, le Christ se présente comme le chemin. Celui qui nous achemine et celui qu’il faut emprunter. Celui qui nous amènera auprès du Père, et celui qu’il faut suivre jour après- jour. Mais pour bien comprendre cela, il faut ajouter quelque chose d’essentiel. Jésus est le chemin, parce qu’il est le Chemin que Dieu prend pour nous rejoindre.

Toute l’histoire de la révélation nous montre Dieu en chemin vers l’humanité. Dieu vient vers l’homme. Quelle merveille, et surtout quelle miséricorde de sa part ! Il crée par amour. Il se révèle, Il sauve, Il donne des rois, des prophètes, un Temple, un culte. Et au sommet de cette intervention, de ce lent cheminement vers les hommes, Il donne son Fils. Le Fils est le chemin que Dieu prend pour nous rejoindre. Chemin discret et pauvre. Chemin éprouvant, puisqu’il s’humilie lui-même jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Mais chemin de vie qui triomphe, c’est bien ce que nous fêtons en ce temps pascal. Chemin où la divinité vient s’associer une humanité en désarroi et sans guide. Dieu prend part à notre humanité, pour que nous participions de sa divinité.

Jésus est le chemin que le Père prend pour nous parler et nous sauver. Le chemin et pas un chemin. Le chemin, parce qu’il parle au nom du Père, il agit au nom du Père. En lui culmine la promesse de Dieu faite à Israël et à toute l’humanité. Et l’on comprend mieux pourquoi il est le chemin, et non un chemin qui nous conduit vers le Père. Je suis littéralement fasciné par le fait que Jésus est sans cesse en chemin dans l’Evangile. Ca commence avec le départ en hâte de Marie de Nazareth pour la Judée chez sa cousine. Ensuite de Palestine en Egypte. Mais surtout, en chemin en Galilée, vers Jérusalem. La Parole prend les chemins des hommes pour aller jusqu’au plus intime des êtres. Elle a son chemin à faire dans des cœurs sédentaires, fermés et mais quelquefois sclérosés.  

En Jésus, les deux chemins se croisent. Chemin de Dieu vers nous. Chemin de nous vers le Père. Cette Parole nous met en chemin à sa suite, si nous le voulons. Et surtout elle nous met en route, si nous ne posons pas de condition. Si nous acceptons de ne pas préjuger et encore moins mettre la main sur le terme du chemin. Il s’agit de se laisser faire par la route et le pèlerinage.

Que l’Esprit Saint, guide et boussole intérieur nous y aide. Que tous les saints nous soient des compagnons amicaux et délicaux à notre égards. Amen.

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