Ce dimanche, nous entrons dans l’Avent avec cette recommandation du Seigneur : Veillez. Dans l’Evangile que nous venons d’écouter, le verbe arrive pas moins de 5 fois. S’il faut veiller, c’est attendre l’arrivée, le retour du Christ, cela implique de développer la vigilance et la patience. Voilà 2 dispositions propres à l’Avent, la vigilance et la patience.
Etre vigilant, c'est-à-dire être attentif, dirigé vers ce que nous écoutons, attendons. Notre écoute, notre vue, notre conscience, bref tout notre être sont éveillé, comme un téléphone portable prêt à recevoir une communication. Eveillé, et non pas en mode veille…
Être patient, c'est-à-dire, souffrir d’attendre, éprouver le temps qui passe, sans perdre la mémoire de ce que nous attendons, sans se décourager, sans que l’indifférence ne nous gagne.
Voilà notre veille de l’Avent, pas très longue, à peine 4 petites semaines, manifestées par ces 4 bougies de nos couronnes de l’Avent, par ces 4 fenêtres des lanternes des enfants. Voilà notre veille, celle de toute l’Eglise. Mais au fond, mis à part l’injonction du Christ, qui n’est pas sans rappeler celle adressée à ses apôtres au jardin de Gethsémani, qu’est-ce qui peut donner sens à notre attente vigilante ?
Nous veillons dans l’attente du retour du Christ qu’il a promis. Vous me direz que cela 2000 ans et alors ? Les premiers chrétiens pensaient que cela arriverait de leur vivant ? Et notre génération se serait habituée à ce que ce retour tarde ? Pourtant nous le disons à chaque Eucharistie : nous attendons ton retour dans la gloire. Nous l’attendons et nous le désirons. C’est bien le sens de tout Avent. Nous l’attendons et nous le proclamons. Ce pourrait être le thème de cet Avent 2014. Il vient…
Nous veillons pour nous-mêmes, parce que nous consentons à ce que cette attente comble notre désir. Nous veillons pour nous-mêmes parce que nous croyons que le Christ peut réaliser cette promesse, celle du ciel nouveau, celle où il viendra tout combler de sa présence, celle d’un Royaume sans fin, de justice, de paix de vérité et d’amour.
Nous veillons avec tous ceux qui veillent. Et ils sont nombreux dans l’Eglise ceux qui veillent. Le pape a voulu que s’ouvre aujourd’hui lune année de la vie consacrée. Ces hommes et femmes proclament par leur vie concrète qu’il y a autre chose à attendre en vivant dans ce monde. Par leur style de vie, ils nous disent que l’argent ne comble pas, qu’il y a autre chose que la recherche de soi et la conquête d’un pouvoir sur les autres. Leur mode de vie veut instaurer dès maintenant des relations où la vie fraternelle peut vivre la charité, où l’autorité peut être vécue sans pouvoir. Par leur vie, ils nous montrent déjà la vie du Royaume qui vient. Au long de cette année et en veillant avec eux, nous accueillons ce Royaume à venir.
Nous veillons pour ceux qui souffrent d’avoir trop veillé. Et ils sont nombreux ceux qui souffrent d’avoir trop attendu, seul dans leur lit d’hôpital, loin de leur maison ou de leur patrie dans des camps de réfugiés ou dans des prisons. Ceux qui ne savent plus attendre au long des nuits qui n’en finissent plus, nuits d’épreuves et d’angoisses, nuits vides, dénués de toute promesse. Et ils sont nombreux. Et il nous arrive d’être de ceux là. Dans notre Avent, nous veillerons également avec eux.
Nous veillons pour ceux qui ne veillent plus, qui ont préféré ne pas attendre le Royaume qui vient, choisissant ce que le royaume terrestre leur offre. « Mangeons et buvons, demain nous mourrons ! » disait le prophète Isaïe à ceux qui vivent sans espérance. Les différents temples de la consommation offrent des nourritures qui vont combler tous ceux qui pourront fêter les fêtes de fin d’année comme on dit. C’est la magie de Noël, en ville, sur les publicités, dans les devantures. Il y une opulence qui est outrageante dans une société où l’accès aux biens élémentaires est si inégales. Mais il y a une surconsommation qui révèle combien il est tentant de ne plus être comblé par un autre. Même les enfants font des listes de cadeaux, qui ne sont plus qu’un dû. Veiller, c’est attendre de l’autre ce qui me comblera, quand il le voudra, comme il le voudra. Un peu de décentrement de soi ne fait pas de mal à personne.
Nous veillons ce dimanche et pendant tout cet Avent. Que le Seigneur entende la douce mélodie de notre veille. Que cette attente ranime et réveille nos cœurs tournés sur eux, pour qu’il se tourne vers ce Dieu qui vient.