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  • Jésus passe de ce monde au Père

    lavement_pieds_fanous.jpg« Avant la fête de la Pâques, Jésus, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout ». (Jn 13,1)

    Ce soir, nous voici donc au cœur de l’incarnation du Christ. C’est cette Heure tant annoncée. C’est le moment de son passage, de sa Pâques. Et saint Jean insiste, l’heure de passer de ce monde à son Père. Jésus passe. En cette nuit de la Pâque juive, nuit de la sortie d’Egypte, nuit du passage de la Mer Rouge, Jésus lui-même passe de ce monde à son Père. Et il y passe par amour, dans un acte extrême d’amour inconditionnel.

    Jésus passe. Il avait passé en faisant le bien, rappelons-nous, sur les routes de Galilée et de Judée, guérissant et soulageant, réconfortant et enseignant. Il a passé en faisant le bien, et il est plutôt bien passé. Les foules ont suivi, elles ont été séduites, retournées. Ont-elles été converties ? C’est autre chose. Plus largement, tout le mystère de l’incarnation du Christ est dans ce passage de Dieu parmi les hommes. Comment le Dieu-Emmanuel pouvait il rester insensible à la misère de ceux qu’il a créés et qu’il aime ? En Jésus, Dieu a passé trente longues années. Il a aimé avec un cœur d’homme, il a travaillé avec des mains d’homme.

    Jésus passe et il passe par amour pour nous. L’évangéliste utilise un mot pour caractériser cet amour : jusqu’au bout. C’est le même mot que nous entendrons demain dans le récit de la Passion, quand au moment de mourir, Jésus dit que « tout est accompli ». C’est un sommet, sommet de son amour pour nous, qui que nous soyons, où que nous en soyons. Ce soir nous voyons des destinataires un peu confus d’un tel cadeau : l’amour inconditionnel de Dieu pour nous.

    C’est que, en Jésus, Dieu ne fait pas que visiter de l’extérieur notre condition d’homme, il la transforme, parce que Dieu ne passe pas sans contaminer notre humanité par sa présence. Quand Dieu passe, il est contagieux. Et ce soir, nous commençons à pressentir ce que cette contagion implique. Il transforme notre humanité, il emporte notre chair. Par amour pour nous, il prend avec lui nos pauvres existences pour que nous recevions sa vie à Lui.

    Ce soir, plus rien n’est comme avant. Au point que l’on pourra dire, avant Jésus-Christ et après Jésus-Christ. Plus rien n’est comme avant, parce que Jésus vit sa Pâque en notre faveur et à notre place. Les discours sont finis, il reste les gestes. Et ce soir, 2 gestes nous sont laissés comme mémorial de ce passage par amour : le lavement des pieds et l’Eucharistie.

    Les Apôtres n’étaient sans doute préparés ni à l’un, ni à l’autre de ces gestes. Tant de fois ils avaient pris le bain rituel avant la Pâque. Tant de fois, le serviteur du maître de maison leur avait lavé les pieds. Tant de fois ils avaient célébré la Pâque juive. Tant de fois, ils avaient consommé ces ingrédients du repas rituel. Voilà que le geste de l’esclave devient le commandement de l’amour. Voici que la consommation en silence devient le geste d’une communion avec la vie même du Christ. Deux gestes où la réalité toute humaine, toute simple est transformée.

    Ce soir, un peu d’eau versé sur les pieds de quelques hommes, va nous rappeler à tous l’amour inconditionnel d’un Dieu qui passe parmi nous et vit sa propre Pâque. De même, un peu de pain et un peu de vin, béni, rompu, partagé, vont nous rappeler cet amour de Dieu qui passe parmi nous et nous emporter avec lui. Nous rappeler seulement ? Pas seulement nous rappeler, mais aussi nous interpeller : comment aimes-tu ? comment sers-tu ? comment vis-tu ? Pas seulement nous rappeler, pas seulement nous interpeller, mais surtout mettre en nous ce germe de Pâque qui sème en nos existences cet amour conditionnel. Tout devient possible, pour qui l’accueille avec gratitude et avec responsabilité

    Jésus passe et nous ne passerions pas avec lui ? Ce soir, à notre tour, nous sommes invités à passer. C’est la fin des discours sur Dieu. C’est le moment de lui parler, comme Jésus parle à son Père dans la longue nuit de Gethsémani. C’est le moment où nous sommes invités à quitter notre place à la fenêtre pour entrer dans la procession qui va vers le Père. C’est le moment où nous décroisons les bras pour ouvrir les mains. Ce soir, commence notre Pâque, celle où nous recevons avec sérieux, avec gravité, avec exigence cette injonction du Christ : « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » ou  plus loin « vous ferez cela en mémoire de moi ».

    Je renouvelle ma question : Jésus passe et nous ne passerions pas avec lui ? Serait-il seul dans ce chemin ? Ne trouverait-il aucun compagnon ? Si ce soir, chacun de nous accepte de passer avec lui,  alors vraiment le Christ vivra sa Pâque en nous. Alors l’amour ne passera pas.