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La Mer Morte menacée par des cratères

ea161ab841c28533041cd6e9ab00.jpegEIN GEDI, Israël - Eli Raz se penchait au-dessus d'un petit cratère, sur un rivage de la Mer Morte, lorsque le sol s'est soudain ouvert sous ses pieds, et l'a englouti.

Après des heures de recherches, les sauveteurs l'ont tiré sain et sauf de ce trou d'une dizaine de mètres de profondeur. Cinq ans après, le géologue de 69 ans veut éviter aux autres de connaître le même sort et a entrepris un vaste travail pour répertorier ces cratères qui se multiplient sur les pourtours de la Mer Morte.

Le phénomène, qui peut survenir subitement, n'a rien de naturel et résulte d'une mauvaise utilisation des réserves d'eau, entraînant une modification des structures du sol, explique Eli Raz. Des années de prélèvements intensifs de l'eau pour l'irrigation, le tourisme ou l'industrie (production de phosphates et sels minéraux) ont aggravé la situation. "C'est la preuve la plus remarquable de l'intervention humaine brutale sur la Mer Morte", souligne le géologue.

La Mer Morte, en réalité un lac d'eau salée, est bordée par Israël, la Cisjordanie et la Jordanie. C'est le point le plus bas sur Terre, se trouvant à environ 400m au-dessous du niveau général de la mer.

La Mer Morte est connue pour sa salinité exceptionnelle -les eaux sont si denses qu'il est impossible d'y couler-et ses boues, riches en minéraux, sont réputées pour leurs vertus curatives.

Des grillages ainsi que des panneaux "Danger, cratères" en anglais et en hébreu protègent une partie des côtes, mais recenser tous les endroits dangereux coûte très cher. Il y a eu déjà des cas de chutes graves, même si ce genre d'accidents restent rares.

Selon Eli Raz, on compte désormais 3.000 cratères le long des côtes. Et plusieurs centaines devraient encore se former, estime-t-il. Le phénomène a des conséquences importantes sur les projets israéliens en matière d'infrastructures. L'effondrement des sols a provoqué la fermeture d'un terrain de camping, de plantations de dattes, et empêche la construction de 5.000 nouvelles chambres d'hôtel, selon Galit Cohen, du ministère israélien de l'Environnement.

En outre, la Mer Morte perd peu à peu de sa surface. Eli Raz, qui vit depuis des années dans un kibboutz d'Ein Gedi, explique qu'il y a 25 ans, la station thermale construite par la municipalité était sur le bord de la mer. Il faut aujourd'hui parcourir 1,5km pour y parvenir.

"Tout visiteur qui reviendrait pour une deuxième visite depuis dix ans constaterait des changements spectaculaires", confirme Gidon Bromberg, responsable d'un mouvement de défense de l'environnement, Amis de la Terre au Proche-Orient. "La mer s'est retirée, exposant des kilomètres de sol et de boues", ajoute-t-il.

Aucune solution rapide n'est pour le moment envisageable. La Banque Mondiale étudie un projet de creusement de canal jusqu'à la Mer Rouge, à près de 170km au sud, pour alimenter les eaux de la Mer Morte. Mais il sera sans doute difficile à réaliser, en raison de son coût, évalué à 15 milliards de dollars (10,8 milliards d'euros) et la situation politique de la région.

Selon diverses études, la Mer Morte a déjà perdu un tiers de sa surface depuis un siècle, et pourrait perdre encore une superficie équivalente d'ici les cent prochaines années.

 

Source : Un echo d'Israël

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